Bientôt un nouveau RER pour désengorger le trafic en Ile-de-France ? C'est en tout cas le projet de plusieurs Associations franciliennes de vélos. Réunies dans un collectif « Vélo Ile-de-France » depuis mars 2019, une vingtaine d'Associations rassemblant près de 4.000 adhérents travaillent sur l'idée d'un Réseau Express Régional Vélo (RER V).
Fin juin, une première carte symbolique a été diffusée sur les réseaux sociaux. De différentes couleurs, plusieurs lignes serpentent la région, avec des stations. L’esthétique rappelle celle des plans de métro. Interpellée sur Twitter par le collectif, Valérie PECRESSE, Présidente de la Région et d'Ile-de-France Mobilité, n'a pas tardé à se montrer intéressée par la proposition d'un RER V, même si la collectivité n'a pas compétence pour travailler sur les routes Communales ou Départementales.
Pour l'instant, il n'y a pas vraiment de carte établie, temporise Vincent DEGOVE, responsable du projet au sein du collectif « Vélo Ile-de-France » et membre de « Pantin en selle ». Celle diffusée (photo 2) était surtout là pour présenter le projet et faire réagir les adhérents afin qu'ils fassent des propositions dans leur zone. »
En attendant une véritable communication à la rentrée avec les « Rencontres Vélo franciliennes », le collectif fonctionne en groupe de travail. Des réunions par secteur se déroulent; la prochaine en date concerne tout le cône sud-est de la région. Les Associations concernées se rassemblent pour discuter des potentiels tracés.
Il n'y a pas que les Parisiens qui veulent faire du vélo
L'approche se veut volontairement globale. La raison d'être du collectif est de dépasser la logique des Communes. Le problème des pistes cyclables est que, bien souvent, elles s'arrêtent aux limites administratives, résume Charles MAGUIN, Président de « Paris en selle », Association souhaitant promouvoir et développer l'usage du vélo sur le territoire de la Métropole du Grand Paris.
Avec le RER V, le collectif souhaite proposer une carte de pistes cyclables capacitaires formant un réseau régional à visée utilitaire proposée par les Associations. Autrement dit, plus d'interruption de voie, de virage abrupt, de relief rédhibitoire, mais avec une desserte vélo pas trop loin de chacun, des pistes larges, confortables, pour rouler sans question, sans danger, sur des longues distances, décrit Charles MAGUIN. Et ainsi relier la périphérie au Réseau Express Vélo (REVe) de Paris. La petite couronne a aussi envie de pistes cyclables. Il n'y a pas que les Parisiens qui veulent faire du vélo. Vincent DEGOVE complète en parlant d'un réseau structurant, composé de grands axes banlieues-Paris mais aussi banlieue-banlieue.
Des bouts d'infrastructures existants
Pour l'élaboration de ce réseau, le collectif se dit "réaliste" et s'appuie sur des bouts d'infrastructures existants. Mais il s'agit aussi de montrer par où on souhaiterait passer si on construisait de l'infrastructure, souligne le responsable du projet. Par exemple, sur la nationale 20, sur son dernier bout entre Bagneux et Paris, il n'y a rien pour les cyclistes, sinon une voie de bus en arrivant vers la capitale. Il faudra mettre de l'argent.
Sans être chiffré pour le moment, le projet d’un RER Vélo appelle à être pris en charge par des entités publiques pour sortir de terre. Mais vers qui se tourner ? Voilà le principal risque de crevaison du projet. Les acteurs de ce dossier évoquent Grenoble comme un exemple, avec des trajets vélos cohérents, continus et identifiés, permettant d’aller de la périphérie au centre-ville et inversement sans discontinuité, raconte Charles MAGUIN. Il y a des lignes signalisées, à l’instar du métro. On ne se perd jamais. Dans ce cas, la Métropole Grenoble-Alpes avait joué le rôle de chef d’orchestre.
Un défaut de gouvernance
Ici, en Région parisienne, il y a un défaut de gouvernance, souffle le Président de « Paris en selle », soulignant le flou dans ce domaine, qui entoure les compétences de la Métropole, de la Région et d’Île-de-France Mobilités, des Départements et des Villes.
Pour le moment, le collectif essaie de peser localement dans les décisions des autorités publiques. En mai dernier, le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis a, par exemple, engagé sur cinq ans un plan de 150 M€ afin d’adapter l’ensemble de ses routes aux déplacements à vélo. Les Associations de cyclistes locales se sont rapprochées du département pour suggérer, au moins, de prioriser les axes, explique Vincent DEGOVE, plutôt que de saupoudrer un peu partout le département de voies cyclables sans ligne directrice. »
Et Noisy-le-Grand dans cette affaire
Selon Vincent MONNIER, Conseiller municipal, Noisy-le-Grand serait desservie par la piste V1 partant de Chelles, pour arriver jusqu’à Paris, en longeant les rives de la Marne et de la Seine. Cette piste existe déjà partiellement dans les Communes concernées.
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Contribution bibliographique : Le PARISIEN, par Thibault BURBAN, le 3 août 2019.