Du mieux sur le front du logement ?
APRÈS AVOIR TOUCHÉ LE FOND,
LE LOGEMENT
ESPÈRE REFAIRE SURFACE
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Entamée mi-2022, la chute du nombre de logements construits a désormais des répercussions sensibles sur l’emploi.
Nexity, le premier promoteur immobilier en France a lancé un plan social dont l’ampleur est en cours de négociation,de même que Vinci pour sa branche promotion immobilière. Quant aux plus petites sociétés du secteur, elles réduisent leurs effectifs au fil de l’eau, en ne remplaçant pas les départs, en ne renouvelant pas les CDD et en procédant à quelques licenciements.
Sur le plan social, les conséquences seront d’ailleurs plus sensibles dans la construction au sens large (incluant tous les corps de métier) que chez les promoteurs, car c’est ici que se trouve la main d’œuvre.
Ainsi, les petites sociétés de construction souffrent beaucoup selon le Président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB).
Le reflux de l’emploi dans le bâtiment a commencé l’an dernier avec 13.000 pertes nettes. Le mouvement va s’accélérer puisqu’ une anticipation de 90.000 suppressions de postes est envisagée cette année et 150.000 sur deux ans, mentionne le Patron de la FFB.
À Noisy-le-Grand tous les chantiers de construction sur les ZAC sont largement en retard. Les difficultés sont nombreuses : problème de Main d’œuvre qualifiée, faillites, prix des matériaux, etc ….
Lors de son discours de politique générale le 31 janvier 2024, Gabriel ATTAL avait évoqué un soutien au secteur immobilier.
Guillaume KASBARIAN, le nouveau Ministre délégué au logement a annoncé également une série de mesures lors du MIPIM à Cannes, soit : Extension des permis d’aménager multisites pour accélérer les procédures, densification en logements facilitée (Commentaire de l’ADIHBH-V : bonjour les dégâts), accélération de la digitalisation des autorisations d’Urbanisme.
Plus significatif, 800 nouvelles Communes vont être classées en « Zone tendue », ce qui permettra d’y utiliser le « Prêt à taux zéro » ou d’y construire des logements intermédiaires.
Si le Ministre évoque le « choc de l’offre », il évoque aussi le fait d’agir « sur la demande » en facilitant l’accès à la propriété et en demandant de regarder avec plus de bienveillance le fait d’accorder plus de souplesse dans le cadre des prêts bancaires.
L’avenir du dispositif PINEL en question !
Néanmoins, malgré les avancées, les acteurs du logement souhaitent avant tout une prolongation du dispositif PINEL qui soutient l’investissement locatif.
Toutefois Bercy ne semble pas remettre en cause son extinction prévue en fin d’année 2024.
Or le marché continue de chuter.
En février, les Permis de construire attribués ont baissé de 4% par rapport au mois de janvier.
Sur 12 mois, 364.000 logements ont été autorisés à la construction, soit une chute de 21,8% sur 12 mois. Et ce, malgré le coup de pouce de CDC HABITAT et d’ACTION LOGEMENT qui ont acheté 50.000 logements.
Généralement les Experts estiment qu’il faudrait construire entre 450.000 et 500.000 logements /an chaque année pour satisfaire les besoins.
Nous en sommes très loin, d’autant que les mises en chantiers effectives sont toujours inférieures aux permis attribués comme nous pouvons le constater sur une ZAC de Noisy-le-Grand.
Le marché repart doucement
À la fin du premier trimestre 2024, le marché immobilier est encore loin de l’euphorie, mais une éclaircie semble se dessiner. On passe du rouge à l’orange estime le patron de Century 21.
Les taux d’intérêt ne reviendront pas vers zéro, mais ils ont un peu baissé permettant de resolvabiliser certains ménages. Les Banques prêtent davantage.
Enfin les prix du neuf ont légèrement baissé grâce à une petite diminution du prix des matériaux et du foncier.
Aussi, les acheteurs sont de retour.
La fréquentation des sites internet est en hausse de 10 à 20%.
Côté prix, sur un an (1er trimestre 2023 – 1er trimestre 2024), Century 21 enregistre une baisse de 3,3% (2459 €/m²) pour les maisons et 3,2% pour les appartements (4072 € /m²).
En Région, si les Pays de Loire affichent un recul de 12%, le littoral est encore préservé avec un prix médian des maisons anciennes qui s’est encore accru de 1,4% (350.000 €/m²) et celui des appartements anciens de 4,5% (4620 €/m²).
La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur affiche des tarifs en hausse de 4,4%, mais avec de grandes différences selon les villes. Par exemple Marseille recule de 9%.
Preuve malgré tout que la reprise reste fragile puisque les délais de vente s’allongent de 9 jours en moyenne, dépassant les 100 jours.
Donc il faudra attendre encore quelques mois pour voir si l’intérêt retrouvé des Français se traduit en promesses d’achat signées en bonne et due forme. Aujourd’hui, il est impossible de dire si la reprise sera significative ou si l’activité va se stabiliser à des niveaux très faibles.
Par ailleurs, le climat social dans la construction risque d’être encore pesant pour quelques temps.
Et le logement social ?
Nous n’aborderons pas ici la problématique du logement social sur le fond.
Toutefois, pendant des décennies le logement HLM était une solution provisoire pour ceux qui attendaient de pouvoir accéder à la propriété.
Cependant dès le départ, le système était vicié puisque l’on a instauré un « droit illimité à demeurer » en HLM. Alors on se retrouve donc aujourd’hui avec un âge moyen de 50 ans chez les locataires de HLM, et un taux de rotation très faible de 5%.
Alors faut-il redonner la gestion des HLM aux Communes comme ce qui se faisait auparavant, au risque de voir se développer une politique de clientélisme ???
Et les équipements publics ?
Construire, c’est sûrement nécessaire puisque nous manquons de logements, même si de nombreux Maires se font élire sur le slogan STOP AU BÉTON !, alors qu’au moment du bilan nous constatons qu’ils ont construit plus que l’Édile précédant.
Ceci dit, l’Urbanisation d’une commune doit aussi s’accompagner d’un développement des équipement publics à la charge de la politique des Communes : Écoles, Crèches, Centre de santé, Stationnement, Transports en commun, Espaces verts, Culture, Sécurité, Police municipale, etc…
En conclusion nous voyons bien que les différents Gouvernements successifs essaient de coller des sparadraps sur une jambe de bois.
Cela fait vingt-cinq ans que les Gouvernements négligent le logement.
Pas de grands Ministères, pas de politique globale……
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Contribution bibliographique :
- Le FIGARO, 05 avril 2024, Emmanuel EGLOFF,
- Le JDD, 07 avril 2024, Christophe BORDET
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