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LES ELUS DE L’EST PARISIEN
CRAIGNENT UN RENVOI
DE LA LIGNE 15
DU GRAND PARIS EXPRESS
Le calendrier de mise en oeuvre du nouveau métro Grand Paris Express va-t-il être remis en question ? C’est la crainte d’élus de l’Est parisien. Ce vendredi, élus et présidents du territoire Paris Est Marne et Bois et du Conseil départemental du Val-de-Marne donnaient une conférence de presse pour sonner l’alerte.
Point de départ de cette crainte, des indiscrétions émanant de plusieurs ministères, faisant état d’une sérieuse interrogation sur le déploiement de trois lignes : la ligne 15 Est, qui promet de relier en 26 minutes le centre de Champigny-sur-Marne à Saint-Denis Pleyel d’ici à 2030, la ligne 17 (Saint-Denis Le Mesnil Amelot), et la ligne 18, qui doit relier Versailles et le Plateau de Saclay à l’aéroport d’Orly d’ici à 2030, avec une perspective de prolongement jusqu’aux gares RER C de Villeneuve-le-Roi et RER D de Villeneuve-Saint-Georges. Les Conseils départementaux de l’Essonne et du Val-de-Marne ont du reste déjà lancé des études pour évaluer les possibilités et coûts supplémentaires d’une telle extension.
Reçus au ministère des Transports le 11 septembre 2017 pour évoquer la question des transports dans le département, notamment le prolongement de la ligne 1 du métro jusqu’à Val-de-Fontenay, le président du Conseil départemental et le maire de Fontenay-sous-Bois se sont faits par ailleurs confirmer qu’une mission d’information était en cours pour revoir les priorités de déploiement du Grand Paris Express.
Les raisons du retard : dérapage des coûts, Jeux Olympiques ?
Pour expliquer ce potentiel décalage, qui pour l’heure n’a rien d’officiel, plusieurs explications circulent : celle d’une adaptation prioritaire des transports parisiens aux Jeux Olympiques, celle d’une volonté de répartir les coûts sur un temps plus long, ou encore celle de l’anticipation d’un dérapage des coûts (complications techniques d’un chantier complexe, très profond et en zone dense, taille et technicité favorisant une montée des enchères des opérateurs capables de le mener à bien…). Mi-septembre, un article de la revue professionnelle Mobilettre, a été largement relayé ; il faisait état de fuites issues d’une réunion à Matignon cet été, et indiquait que le Grand Paris Express, officiellement estimé à 25,7 milliards d’euros, pourrait s’élever à quelques 35 milliards d’euros…
Ce colossal chantier qui redéploie le métro au-delà du périphérique en créant des liaisons banlieue-banlieue complémentaires de la structure en étoile initiale devenue insuffisante, a pourtant déjà mis beaucoup de temps à accoucher en raison de son coût, de sa complexité et des enjeux de territoires qu’il implique. C’est dans ce contexte que les élus du Val-de-Marne, pionniers de ce métro inter-banlieue avec leur projet Orbival (un projet de métro desservant le Val-de-Marne d’Est en Ouest dont le tracé a été intégralement repris dans les lignes 15 Sud et 15 Est), ont décidé de prendre les devants pour réaffirmer l’importance de ce chantier pour le territoire.
Hypothéquer l’avenir pour 3 semaines de Jeux Olympiques ?
« Nous sommes très inquiets, pose Jacques JP Martin, président du territoire Paris Est Marne et Bois (PEMB) et secrétaire de l’association Orbival, pour qui un changement du calendrier signifierait de fait une remise en question du projet. Un investissement mis en bout de liste sert de variable d’ajustement et nous avons ici l’exemple du pont de Nogent qui, à force d’être repoussé, a failli ne jamais voir le jour. On peut comprendre qu’il y ait des urgences liées aux Jeux Olympiques, mais il n’est pas question d’hypothéquer des structures d’avenir pour deux-trois semaines de jeux », poursuit le maire LR de Nogent qui ajoute qu’in fine, un report coûterait plus cher à l’Etat.
« Nous devrions au contraire accélérer le déploiement de la ligne 15 Est qui va relier Saint-Denis et le stade de France », souligne Christian Favier président du Conseil départemental du Val-de-Marne et de l’association Orbival.
Création d’emplois locaux
« On a l’impression que le gouvernement n’a pas mesuré l’urgence du Grand Paris Express. Il ne s’agit pas simplement d’un problème de transport mais aussi d’emplois. Nous avons prévu d’aménager 6000 emplois autour de la gare de Bry-Villiers-Champigny« , enchaîne Jacques-Alain Bénisti, maire LR de Villiers-sur-Marne, qui prévient que « les maires de l’Est parisien ne se laisseront pas faire ».
« A Fontenay-sous-Bois, nous avons 16000 m2 de projets urbains en cours de déploiement », note Jean-Philippe Gautrais, maire PCF de Fontenay-sous-Bois, qui insiste sur le rôle de moteur économique de Val-de-Fontenay et la nécessité de finaliser au plus vite la 15 Est et le prolongement de la ligne 1 jusqu’à la gare de Val-de-Fontenay pour qu’elle puisse jouer à plein son rôle de hub des transports de l’Est parisien. « Des sommes énormes ont déjà été engagées dans le cadre de projets cohérents, pensés, globaux« , ajoute l’élu à propos de l’évolution du réseau de transports parisiens.
Gare de Bry-Villiers-Champigny
« J’ai un sentiment de déjà vu« , se souvient pour sa part Dominique Adenot, maire PCF de Champigny-sur-Marne, rappelant les incertitudes qui avaient pesé il y a quelques années sur l’arrivée de la ligne 15 à Champigny. Et l’élu de rappeler le retard déjà pris concernant l’interconnexion de la 15 Sud avec le RER E au niveau de la future gare de Bry-Villiers-Champigny, en raison de la partie SNCF. « Tant que cette interconnexion ne sera pas en service, les habitants de Seine-et-Marne seront obligés de passer par Paris pour aller à Orly« , souligne l’élu. « On ne peut pas à la fois avoir un débat sur la pollution et ne pas développer les transports en commun« , ajoute le maire campinois.
« Le Val-de-Marne s’est engagé dans la réalisation de la gare de Bry-Villiers-Champigny avec le projet Altival (un couloir de bus en site propre qui reliera à terme Noisy-le-Grand à Sucy-en-Brie, destiné à améliorer la circulation des bus). Cela représente un investissement et il serait curieux que l’on construise une ligne qui n’aboutisse pas à une gare! » ajoute le président du département.
Logements
« Le Val-de-Marne dispose d’une importante réserve foncière, mais celle-ci n’est exploitable que si le réseau de transports est à la hauteur », insiste également Christian Favier. « La ligne de RER A est déjà saturée, malgré les nouvelles rames, la situation du RER E se dégrade. Et l’on construit toujours plus de logements à l’Est… La seule chose qui nous manque à l’Est, ce sont les transports, et c’est un retard qui coûte cher! », pointe Jean-Pierre Spilbauer, maire de Bry-sur-Marne, lequel rappelle les importantes concertations qui ont précédé le projet Grand Paris Express. « Nous avons fait travailler les habitants, nous avons fait rêver les habitants ! »
Mobiliser les habitants et les élus des autres départements
Décidés à mettre la pression sur le calendrier du chantier, les élus se disent prêts à mobiliser la population et les autres élus de l’Est parisien (Seine et Marne, sud de la Seine-Saint-Denis) mais aussi de l’Essonne concernant la ligne 18. « Les habitants apprécieraient peu de payer 15% plus cher pour un chantier qui serait livré plus tard« , glisse un élu. En attendant, un rendez-vous devrait être sollicité auprès de la ministre des Transports, Elisabeth Borne. « Elle a soutenu le projet lorsqu’elle était présidente de la RATP. Il serait bon qu’elle s’en souvienne! »
Avis de l’ADIHBH-V
Depuis le début du Grand Paris Express, on nous annonce une estimation des coûts à 27 milliards d’euros. Aujourd’hui, timidement, on avance 35 milliards. Mais soyons sérieux, la réalité sera tout autre. Comme pour tous les grands travaux, le facteur Pi (3,14116) bien connu de tous les experts va s’appliquer. Le montant global à l’horizon 2030-2035 pourrait avoisiner les 80 – 85 milliards d’euros.
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Contribution bibliographique :