Énergies renouvelables (suite) à Saint Nazaire
LA PREMIÈRE UNITÉ
DU PARC ÉOLIEN
DE SAINT NAZAIRE
A ÉTÉ INSTALLÉE
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L’ADIHBV poursuit son information sur les énergies renouvelables. Après la présentation du projet de Géothermie à Champs sur Marne (77) (cf blog "la géothermie pratique : L'exemple de Champs sur Marne publié le 16 avril 2022 par ADIHBH-V"), nous allons évoquer aujourd’hui un projet plus éloigné de Noisy-le-Grand ; l’éolien en mer, ou éolien offshore au large de Saint Nazaire (44).
Dans ce présent document, nous aborderons les différents points nous permettant de mieux comprendre cette solution d’avenir pour la transition énergétique :
- Quelques chiffres sur la consommation électrique en France,
- Le projet éolien de Saint Nazaire, présentation,
- Une éolienne en mer comment ça marche,
- L’impact sur l’environnement, les pêcheurs,
- Les projets éoliens en mer en développement dans les prochaines années,
- Conclusion sur la transition énergétique.
L’éolien en mer quelques données
La lutte contre le changement climatique est aujourd’hui une préoccupation majeure pour l’ensemble des pays européens. Fin 2018, le nombre d’éoliennes en mer en Europe était de 4 543, réparties dans 105 parcs situés dans 11 pays différents.
Il n’existe pour le moment aucun parc éolien en mer en France.
Pour rappel, les espaces maritimes de la France, d'une surface totale d'environ 10,7 millions de km², représentent le deuxième espace maritime mondial derrière celui des Etats-Unis.
L’Europe comptait au 31 décembre 2018, 18 499 mégawatts d’éolien en mer en exploitation dont 44 % au Royaume-Uni, 34 % en Allemagne, le reste est réparti entre le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique, la Suède et la Finlande.
Le graphique ci-dessous montre la consommation d’électricité par type de production. Les énergies renouvelables représentent environ 20% de la production électrique.
La France s’est fixée pour objectif de porter la part des énergies renouvelables à 32 % de la consommation énergétique totale en 2030.
L’éolien en mer contribuera à atteindre cet objectif avec le développement de projets éoliens posés et flottants au large des côtes françaises.
Au-delà du développement d’une énergie propre, les énergies renouvelables représentent également un secteur créateur d’emplois. À titre d’exemple, le secteur des énergies marines représentait plus de 2650 emplois en France en 2017.
*en 2020 baisse relative due au COVID.
Projet Éolien Saint Nazaire
Le projet se compose de 80 éoliennes en mer d’une capacité unitaire de 6 Mégawatts (MW) pour une puissance totale de 480 MW.
Les éoliennes seront localisées entre 12 et 20 km au large de la Loire-Atlantique, sur une surface globale de 78 km², à des profondeurs variant entre 12 et 25 m.
La production envisagée équivaut à couvrir l’équivalent de 20% de la consommation en électricité de la Loire-Atlantique.
L’appel d’offres avait été remporté dès 2012, mais EDF a dû attendre mi-2019 pour lancer la construction, après que tous les recours aient été purgés.
Comment ça marche
Contribution bibliographique :
https://bilan-electrique-2020.rte-france.com/production-production-totale/#
Quelle différence entre l’éolien posé et l’éolien flottant ?
– L’éolien posé consiste à fixer les turbines sur le plancher marin. Cette technologie est la seule actuellement exploitée à grande échelle dans le monde, car elle est déjà éprouvée, plus simple et moins chère à mettre en œuvre que l’éolien flottant. Chaque éolienne est installée sur une fondation, qui peut être de type « monopieu » (tube métallique enfoncé dans le sol comme un clou), « jacket » (tour métallique à 3 ou 4 pieux enfoncés dans le sol) ou « gravitaire » (socle pyramidal en béton posé au sol). L’éolien posé est adapté à des profondeurs ne dépassant pas 50 à 60 mètres.
– L’éolien flottant permet de déployer des turbines à des profondeurs bien plus élevées que l’éolien posé : jusqu’à 200 m voire au-delà en théorie. Le principe est simple : chaque éolienne est installée sur un flotteur qui est maintenu en position par des câbles reliés à des ancres ou corps morts posés sur le plancher marin. Plus coûteuse, cette solution est toujours en cours de développement. Les parcs pilotes permettront de tester la pertinence de cette technologie en conditions réelles.
Les éoliennes en mer sont aussi 2 à 3 fois plus puissantes qu’à terre, de l’ordre de 6 à 10 MW actuellement et entre 12 et 15 MW très prochainement.
Exemple d’éoliennes flottantes
Le facteur de charge, c’est à dire la production annuelle, d’une éolienne en mer est de l’ordre de 40%, alors qu’une éolienne terrestre est de l’ordre de 25%. En comparaison le facteur de charge d’une centrale nucléaire est de 62%.
Un projet cohérent avec les enjeux techniques et environnementaux locaux
Depuis 2008, de nombreuses études ont été réalisées sur la zone du projet en partenariat avec des associations environnementales et des bureaux d’études disposant d’expérience en milieu marin.
Ce travail effectué à l’aide de mesures en mer, analyses en laboratoire et modélisations numériques, a permis de concevoir un projet tenant compte des enjeux du territoire comme l’impact visuel, la pêche professionnelle, la sécurité maritime, le tourisme, …
L’Etat a créé une taxe sur la production et par année payée par le propriétaire du site et qui sera reversée aux communes proches du projet, et aux comités de pêche.
La pêche pourra s’effectuer dans le parc éolien, en respectant une distance autour d’une éolienne. Les implantations en Norvège, Suède, Finlande, Danemark qui sont des pays soucieux de l’environnement montrent que durant la construction, les poissons quittent les zones du fait du bruit, ensuite ils reviendraient (Les zones bétonnées devenant des zones poissonneuses).
Les projets éoliens en mer en France
La France s’est lancée dans un politique énergétique dite « mix énergétique », c’est-à-dire constructions de nouveaux réacteurs nucléaires et développement accéléré des énergies renouvelables. Ainsi le schéma ci-dessous montre les projets éoliens en mer en cours d’étude.
Conclusion
Quels sont les leviers pour la France pour répondre aux critères du GIEC sur le réchauffement climatique, et améliorer sa souveraineté énergétique ?
Ø Agir sur la consommation grâce à l’efficacité énergétique, voire la sobriété est indispensable pour atteindre les objectifs climatiques.
Par exemple, Une alerte orange a été déclenchée dans le cadre du dispositif Écowatt 4 avril pour inviter les Français à limiter leur consommation lundi matin entre 6h et 12h en adoptant des gestes simples : diminuer de quelques degrés son chauffage dans les pièces inoccupées, éteindre la lumière lorsqu’on quitte une pièce, avancer ou décaler le lancement de sa machine à laver ou de son lave-vaisselle, débrancher sa box internet et sa télévision quand on ne l’utilise pas…
L’ensemble de ces actions a permis une baisse de 800 MW, soit l’équivalent de deux fois la consommation de la ville de Montpellier et quasiment la puissance d’un réacteur nucléaire.
Ø La consommation d’énergie va baisser mais celle d’électricité va augmenter pour se substituer aux énergies fossiles.
Ø Accélérer la réindustrialisation du pays, en électrifiant les procédés, augmente la consommation d’électricité mais réduit l’empreinte carbone de la France
Ø Atteindre la neutralité carbone en 2050 est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables
Ø Se passer de nouveaux réacteurs nucléaires implique des rythmes de développement des énergies renouvelables plus rapides que ceux des pays européens les plus dynamiques
Ø Construire de nouveaux réacteurs nucléaires est pertinent du point de vue économique, a fortiori quand cela permet de conserver un parc d’environ 40 GW en 2050 (nucléaire existant et nouveau nucléaire)
Ø Les énergies renouvelables électriques sont devenues des solutions compétitives. Cela est d’autant plus marqué dans le cas de grands parcs solaires et éoliens à terre et en mer
Ø Dans tous les scénarios, les réseaux électriques doivent être rapidement redimensionnés pour rendre possible la transition énergétique
Ø Mais il faudra associer les Français dans ces projets pour montrer l’importance de cette transition énergétique pour notre pays. Ce travail de changement des mentalités est difficile, le projet Eolien Saint Nazaire est éloquent : 8 ans de procédures, de recours pour empêcher ce projet alors que 3 ans ont suffi pour le développement technique.
Ø La forte demande en électricité, le cout de l’énergie qui sera croissant dans les prochaines années, le réchauffement climatique, la situation géopolitique (ex Guerre en Ukraine, monarchies du Golfe) nous rendent dépendants et donc nous oblige à mettre en place tous les leviers possibles pour aller vers une transition écologique
Didier Monnier
Membre de l’ADIHBH-V
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Contribution bibliographique :
https://www.revolution-energetique.com/dossiers/ou-en-est-leolien-en-mer-en-france/
https://parc-eolien-en-mer-de-saint-nazaire.fr/le-parc-eolien-en-mer/atouts-de-l-eolien/
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