PLU : la colère de Michel Pajon
ANNULATION DU P.L.U :
MICHEL PAJON
NE DECOLERE PAS !
Le Parisien du 18 juin nous avait prévenus : Michel Pajon, député-maire PS de Noisy le Grand est fou de rage ! Aussi, lors du Conseil Municipal du 24 juin, le public présent ne fut pas déçu. D’entrée, le ton était donné par une intervention liminaire :
Déclaration de Monsieur Michel Pajon
Maire PS de Noisy le Grand.
Mesdames, Messieurs, mes Chers Collègues,
Avant d’entamer notre ordre du jour, je souhaitais vous dire quelques mots sous la forme d’une déclaration liminaire sur l’annulation du P.L.U. de Noisy-le-Grand, dont vous avez été informés par un article paru dans « le Parisien » cette semaine.
Par jugement rendu en date du 11 juin 2010, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a, en effet, annulé la délibération du Conseil Municipal de Noisy-le-Grand du 26 juillet 2007, portant adoption du Plan Local d’Urbanisme.
Le jugement administratif fonde son jugement sur deux vices de forme :
- L’absence de mise à disposition du porté à connaissance du Préfet.
Il s’agit d’un document par lequel le Préfet porte à connaissance de la commune les informations nécessaires à l’exercice de ses compétences en matière d’urbanisme. Vous comprendrez, c’est donc une pièce relativement secondaire dans la réalisation du dossier.
- Et le deuxième vice de forme porte sur l’insuffisance du rapport de présentation.
Le tribunal administratif considère notamment que le rapport de présentation contient une analyse insuffisante de l’incidence de la création de la Z.A.C. du Clos aux Biches et que la Ville ne justifie pas de l’autorisation de construction maximale à 22 mètres de hauteur dans la zone UB.
Un seul vice de fond est avancé. Il porte sur la zone NL (zone Naturelle et de Loisirs), créée par le P.L.U., qui autorise les constructions ou installations liées au tourisme, aux loisirs et au sport sur les bords de la Marne. Selon le juge, cette zone n’instaure pas des secteurs de taille et de capacité d’accueil limités. Le fait que l’emprise au sol soit limitée à 10% de la surface totale de l’unité foncière et que la hauteur des constructions soit limitée à 11 mètres, ne serait pas suffisant pour préserver le caractère naturel de la zone.
Sur l’ensemble des moyens soulevés par les auteurs des recours, le juge n’a maintenu que ces 3 motifs, qui ne concernent qu’une infime partie du dossier du P.L.U. Il s’agit de l’impression mineure que la ville de Noisy-le-Grand aurait pu prendre en compte sans relancer l’ensemble de la procédure d’adoption d’un nouveau P.L.U.
Je regrette que la Cour ait décidé d’annuler le P.L.U. de notre ville dans son ensemble pour ces seuls arguments. Cette décision de justice réduit à néant ou presque à néant le fruit de nombreuses années de travail. Cette décision réduit aussi à néant ou presque, la longue et riche concertation que nous avions donnée, au-delà d’ailleurs des obligations légales qui s’imposaient à nous. Comme vous vous en souvenez sûrement, nous avions en effet conduit, dans le cadre de l’élaboration de notre P.L.U., un travail important d’information de la population et une très large concertation auprès des Noiséens. A travers plusieurs séries de réunions publiques dans les quartiers, l’organisation d’une exposition mais aussi la distribution dans tous les foyers de supports d’information spécifiques au P.L.U., ce sont plus de 3 000 personnes qui s’étaient exprimées à l’époque sur ce dossier. A celles et à ceux qui, aujourd’hui, font mine d’avoir oublié ce travail, je rappellerai le satisfecit du commissaire enquêteur, désigné dans le cadre de l’élaboration du P.L.U., qui, dans son rapport, avait souligné, à l’époque, qu’il n’avait que « très rarement rencontré de projet de P.L.U. donnant une large satisfaction à l’ensemble de ses habitants, pour des villes ayant un nombre d’habitants de même ordre de grandeur que Noisy-le-Grand ». Cette expression était entre guillemets.
La décision du tribunal, qui vient de tomber, ne serait pas grave si elle ne nécessitait pas le lancement de nouvelles procédures longues et coûteuses pour la collectivité. Cette décision de justice a également pour effet de bloquer le développement de projets essentiels pour la ville de Noisy-le-Grand, comme la construction de nouveaux logements, qui doit permettre de répondre aux attentes de très nombreux Noiséens.
A titre d’information, je vous indique que les services de la Ville ont, dans le fichier des demandeurs de logement, à ce jour, plus de 1 500 demandes en instance. Comme vous le savez, notre ville, dans le cadre du Contrat de Projet Etat / Région, ce qu’on appelle le Grand Projet 3 (le G.P.3), portant sur la période 2007 / 2013, s’était engagée sur un nombre de constructions de logements à réaliser au cours des prochaines années. Avec cette décision, nous ne pourrons donc pas construire ces logements et nous ne pourrons bénéficier du financement correspondant qui représentait sur la totalité de la période du Contrat Etat / Région plus de 16 millions d’euros, et probablement près de 18 millions d’euros.
Au regard du préjudice subi par notre collectivité, je vous informe que j’ai demandé que soit étudiée la possibilité d’exiger, à l’avenir, des indemnités conséquentes à l’encontre des auteurs des recours qui confondent intérêts particuliers et intérêt général et qui produisent des recours qui sont, de toute évidence, abusifs.
Naturellement, suite à cette annulation, j’ai décidé que le Ville fasse appel de ce jugement. J’ai également donné des instructions afin qu’une nouvelle procédure soit lancée sans délai et qu’un nouveau P.L.U. soit élaboré dans les prochains mois. Ce soir, je peux d’ores et déjà vous indiquer que la procédure est en cours et que les services municipaux sont pleinement mobilisés. J’ai également demandé que toutes les garanties soient prises pour s’assurer de la sécurité juridique du dossier y compris et peut-être surtout sur la forme, puisque, je répète, c’est sur ces questions, sur ces questions de forme que notre P.L.U. a été annulé.
Mes chers collègues, même si je la regrette, je prends acte de la décision de justice qui s’impose désormais à nous. J’entends, ici et là, déjà quelques cris de victoire. Que les choses soient claires : si victoire il y a, c’est celle des intérêts particuliers contre l’intérêt général, un intérêt général, que nous sommes tous, les uns et les autres, censés incarner autour de cette table. Si victoire il y a, c’est uniquement la victoire des égoïsmes sur l’intérêt général.
Pour moi, pour l’équipe qui m’entoure, cette annulation du P.L.U. n’est pas un revers ou une défaite. C’est une étape, une étape inattendue, une étape au goût amer, certes, mais, vers la déclinaison, au quotidien, du programme pour lequel les Noiséens nous ont accordé leur suffrage, lors des dernières élections municipales. Si je suis en colère, si nous sommes en colère, c’est parce que cette annulation va faire perdre beaucoup d’argent à notre ville et finalement, aux Noiséennes et Noiséens.
Elle va également coûter des centaines de logements qui ne seront pas disponibles aussi bien dans le domaine social que dans le domaine de l’accession aux Noiséens et c’est aussi des centaines d’emplois qui sont détruits par ces retards occasionnés par ces procédures. Il faut savoir, cette décision de justice a un coût direct et un coût indirect pour notre ville et ses habitants, et c’est ce qui la rend encore plus inacceptable.
Je suis trop attaché à la bonne gestion de notre ville et à la bonne utilisation de l’argent des Noiséens, pour ne pas le dire et pour ne pas le dénoncer.
Je veux le redire ce soir, à vous toutes et à vous tous, mais aussi à celles et à ceux qui sont à l’origine de cette annulation, rien, rien ne me fera dévier de ma route. L’ensemble de la majorité municipale, avec toutes ses composantes politiques demeure unie. Elle demeure également convaincue de la nécessité de mettre en œuvre les projets, tous les projets, pour lesquels les Noiséens nous ont accordé leur confiance.
Mesdames et Messieurs, mes chers collègues, les épreuves ont ceci de bon, qu’elles rendent plus fort et en ce qui me concerne, plus déterminé encore, aujourd’hui plus que jamais, je suis déterminé à tenir toutes mes promesses.
Je vous remercie de votre attention.
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Commentaires de l’ADIHBH-V
Alors qu’il y a quelques années nous étions des nantis, voici maintenant que nous sommes des égoïstes. Encore une fois Michel Pajon enfourche son ‘dada’ favori des « intérêts particuliers contre l’intérêt général ». Mieux, son discours s’enrichi puisqu’il s’agit maintenant de la « victoire des égoïsmes contre l’intérêt général ».
Nous ne reviendrons pas sur cette grande mascarade de l’intérêt général dont nous avons déjà parlé. Nous redirigerons tout simplement nos fidèles lecteurs sur notre billet : « Intérêt général et démocratie du 19 janvier 2009 ».
Cependant, dans le cas du quartier des Bas Heurts à Noisy-le-Grand, nous rappellerons encore une fois que la démarche municipale relève de la caricature. Outre les dégâts humains considérables que cette approche a provoqué partout où elle a prévalu, elle a systématiquement abouti à des désastres urbanistiques majeurs dont les conséquences se feront sentir pendant des dizaines d’années. Nous en avons ras le bol, de cet intérêt général qui vient se substituer aux libertés individuelles. Les habitants des Bas Heurts ont d’abord un droit à demeurer là où ils ont vécu, depuis des dizaines d’années.
Quoi qu’en dise Michel Pajon, les habitants des Bas Heurts ne sont pas plus égoïstes que les autres. Ces résidents cherchent tout simplement à protéger leur patrimoine qui est le fruit manifeste d’une longue vie de travail. Leur centre d’Intérêt particulier, n’est que l’expression de leur moyen d’ascension sociale, et non de revenus financiers. Ou serait le crime ?
Finalement, comme le précisait Guilhem Dupuy dans son étude « Le Maire, l’accession sociale et le promoteur (1)" (2) et (3),derrière cette entreprise de nettoyage urbain, il y aurait évidemment d’inavouables calculs lucratifs. Les surdensités bâties que l’on envisagerait d’atteindre sur le quartier des Bas Heurts, permettraient aux opérateurs immobiliers, essentiellement des promoteurs privés, de réaliser de confortables plus values. Alors, soyons explicite, intérêts particuliers ou intérêt général, et surtout sur le dos de qui ?
Par ailleurs, dans son allocution, Michel Pajon agite son miroir aux alouettes : "Au regard du préjudice subi, dit-il, je vous informe que j’ai demandé que soit étudiée la possibilité d’exiger, à l’avenir, des indemnités conséquentes à l’encontre des auteurs des recours qui confondent intérêts particuliers et intérêt général et qui produisent des recours qui sont, de toute évidence, abusifs."
Stop Monsieur le Maire, nous allons pour une fois vous faire gagner du temps et de l’argent en vous précisant que certes, tout droit connaît des limites, et le droit de recours ne fait pas exception à cette règle. Toutefois L'article R.741-12 du code de justice administrative sanctionne déjà les recours abusifs devant la juridiction administrative : "Le juge peut infliger à l'auteur d'une requête qu'il estime abusive une amende dont le montant ne peut excéder 3000 euros." Cependant, il convient de vous signaler que le prononcé d'une amende pour recours abusif est un pouvoir propre du juge de la République. Dès lors, veuillez noter que les conclusions demandant une condamnation à ce titre sont irrecevables (Conseil d'État, 6 avril 1992, M. et Mme Mercier, n°101762).
Enfin, Monsieur le Maire, sachez qu’il nous est impossible de comprendre votre logique qui consiste méthodiquement à brandir encore et toujours le spectre du bras de fer, en précisant que rien ne vous fera dévier de votre route. La faillite d’un système, la cascade de manquements dans les études préliminaires évoquent la responsabilité flagrante de la Commune de Noisy le Grand. En aucun cas, elle ne peut être imputée aux Associations Noiséenes qui seraient soit disant des égoïstes. Responsabilités de Gouvernance qui se traduisent d’ailleurs aujourd’hui sur le plan économique, par un coût direct de plusieurs millions d’euros pour la ville et ses habitants, c’est un scandale !
Monsieur Michel Pajon il n’y a pas de déshonneur à lever les malentendus et les incohérences, vous ne devez pas trembler en remettant vos projets sur le métier, en concertation avec les habitants, pour les habitants. Mettons-nous autour de la table, vous avez déjà perdu beaucoup trop de temps.
Pour accéder aux déclarations des Conseillers Municipaux cliquer sur le texte ou l'enregistrement correspondant :
Etienne DOUSSAIN - Noisy solidaire, A gauche vraiment
Réponse de Mchel PAJON à Etienne DOUSSAIN
Marylise MARTINS – Présidente du Groupe Modem
Brigitte MARSIGNY – UMP
Réponse de Mchel PAJON à Brigitte MARSIGNY
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