Honneur aux jeunes architectes qui ont illuminé les Bas-Heurts
HONNEUR AUX JEUNES ARCHITECTES QUI ONT ILLUMINE LES BAS-HEURTS !
© Gaston F. Bergeret / CAPA 2012
La rencontre de l’Association de Défense des Intérêts des Habitants des Bas-Heurts - La Varenne (ADIHBH-V) et d’un groupe d’Etudiants de 4ème année de l’Ecole Nationale Supérieure Architecture de Paris-La Villette (ENSAPLV) date du deuxième semestre de l’année universitaire 2005-2006. C’était l’époque où depuis des mois l’ADIHBH-V se mobilisait contre un projet du Maire de Noisy-le-Grand de raser purement et simplement le quartier des Bas-Heurts, après en avoir expulsé ses habitants, dans le cadre de la ZAC dite du « Clos aux Biches ».
Projet urbain pharaonique dont l’étude d’impact ne comportait aucune analyse sérieuse, aucune mention des conséquences sociales du projet soumis à la procédure d’Enquête Publique. Et pour cause, la méthode utilisée de la tabula rasa, avait précisément pour fondement l’éradication de toutes traces d’une occupation antérieure du site, une négation de son histoire et du passé de ses habitants. Elle devait par définition, ignorer le contexte, au sens large du terme, dans lequel elle se déployait. Elle ne pouvait donc être traitée par les habitants que par le mépris, puisque la démarche municipale relevait de la caricature.
Devant cet état de fait stupéfiant de constater combien le projet municipal du Maire pour le quartier des Bas Heurts relevait d’une doctrine urbanistique totalement obsolète, il convenait désormais d’abandonner ce mythe destructeur pour aborder la question en des termes tout à fait nouveaux, avec des hommes dont l’autonomie intellectuelle et méthodologique était incontestable. Il fallait sortir de cette posture d’un Cabinet d’Architecture, trop souvent confiné à n’être qu’un instrument docile du pouvoir politique local ou un exécutant servile des opérateurs immobiliers. Cette image assez négative n’est pas, admettons-le, totalement dénuée de fondement. Le rôle des Ecoles Nationales d’Architectes est d’infléchir cet état de fait.
Lorsque nous avons présenté le caractère outrancier de ce projet municipal à des Enseignants de l’ENSAPLV, ils ont tout de suite constaté qu’au plan strictement pédagogique il était rare de trouver une telle occasion concrète d’illustrer la pertinence d’une « contre méthode de projet urbain ». Il fallait donc la saisir, ils ont décidé de proposer à leurs étudiants de 4ième année de lui opposer une alternative rigoureuse et convaincante qui établisse, non seulement sa dimension politiquement scandaleuse, antidémocratique, mais également son inanité urbaine et architecturale. C’était le début d’une longue aventure humaine. A plus forte raison, quand les efforts déployés par ces jeunes étudiants s’ajoutaient à ceux des habitants et de leur Association pour sauvegarder leur cadre de vie, qui est aussi leur passé, leur histoire et le futur de leur quartier menacé. En d’autres termes, sauvegarder leur quartier, maintenir sur place ses habitants, ne démolir aucune maison habitée.
L’objectif de ce « contre projet alternatif » des étudiants, mené en étroite concertation avec les responsables de l’ADIHBH-V et avec des élus du Conseil Municipal de Noisy-le-Grand qui s’opposaient en 2006 – 2007 au projet de la municipalité (2), consistait donc à étudier les conditions d’une transformation interne du quartier des Bas Heurts par une densification progressive et maîtrisée, à partir des dispositifs urbains existants. Pour y parvenir il fallait en avoir analysé avec soin les origines, l’évolution, les structures physiques, mais également avoir rendu compte de sa réalité sociale et humaine dans toute son épaisseur.
Ces étudiants architectes étaient déjà de jeunes citoyens conscients de leurs responsabilités particulières dans le domaine de l’aménagement urbain et de l’espace habité. L’excellence de leur formation les conduisait tout naturellement à valoriser une capacité d’expertise considérable. Elle fut instrumentée pour éclairer la situation conflictuelle des Bas-Heurts, la rendre plus intelligible auprès de la Commission d’Enquête Publique de Janvier-Février 2007, et ainsi prévenir pour le moment une tragédie humaine et un désastre urbain qui émaille régulièrement l’actualité, en conduisant la Commission d’Enquête à délivrer « un avis défavorable unanime » à la DUP, en avril 2007.
Aujourd’hui, que sont-ils devenus ?
Riche d’un vocabulaire peuplé d’acronymes :PLU, POS, DTU, PC, COS, SHON,….., Olivier, Chanez, Jérémy, Sulian, Arnaud, Maxime, Vincent, Célia, Nelson, Philippe,…et tous les autres que nous n’avons pas oubliés (1), tracent leur sillon professionnel dans les domaines de l’architecture, de l’aménagement urbain, du design industriel et de l’analyse socioculturelle. Toujours dans une approche volontariste du dialogue et de la véritable concertation, soutenant la créativité fusionnelle entre architecture et environnement, dans le cadre d’une logique de développement durable.
Focus sur l’Agence NADAU LAVERGNE ARCHITECTURES
C’est à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris – La Villette, que Jérémy Nadau (1982) et Vincent Lavergne (1982) commencent à travailler ensemble. Ils sont diplômés en 2007, avec le fameux « projet alternatif » d’habitat dense des Bas-Heurts à Noisy-le-Grand, avec félicitations du Jury, dont le Président de l’ADIHBH-V était membre. Impétueux (3), ils s’affranchissent des us et coutumes. Pressés, fraichement diplômés, ils s’associent en 2008 au Bordelais Jean-Bernard Nadau (1951), père de Jérémy, afin de se confronter au plus vite à la réalité du chantier et créent l’Agence NADAU LAVERGNE ARCHITECTURES (4), qui conjugue la circulation des idées, l’échange des savoirs, avec l’apprentissage du savoir-faire.
Un pied à Bordeaux, l’autre à Paris, NADAU LAVERGNE ARCHITECTURES emmenée par les trois associés, repose sur une équipe diverse tant sur le plan des générations qui s’y côtoient que des compétences en présence. Architectes, urbanistes, paysagistes mais aussi graphistes, économistes et scénographes. L’agence compte dans ses rangs des architectes ayant plus de 20 ans d’expérience dans les domaines de la maîtrise d’œuvre et de l’aménagement urbain.
L’Agence mène des projets tant en Métropole qu’à l’Etranger. Leur compréhension du contexte et de premiers projets qui se jouent des codes, ont séduit aux Etats-Unis, au Maroc, en Suisse.
Prix, Distinctions, Expositions
NADAU LAVERGNE ARCHITECTURES a participé à de nombreux concours et évènements en Suisse, en Grèce, aux Etats-Unis, en République Tchèque et en Suède. L’agence est lauréate de la Biennale d’architecture de Bordeaux en 2008 et nominée au prix de la première œuvre en 2010 pour le complexe vinicole de Saint-Emilion : « Château Barde-Haut ».
En 2012, Jérémy Nadau et Vincent Lavergne sont lauréats des « Albums des jeunes Architectes et Paysagistes » (AJAP). L’exposition de la Cité de l’Architecture & du Patrimoine, du Palais de Chaillot, consacrée aux lauréats des Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes a été inaugurée le 24 octobre 2012 par Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture. Cette exposition relaie tous les deux ans la politique du Ministère de la Culture et de la Communication en faveur des jeunes Architectes et des Paysagistes. Cette promotion des AJAP 2012 distingue cette année 14 équipes d’Architectes et 3 équipes de Paysagistes de moins de 35 ans. Présentée au Palais de Chaillot en avant première, l’exposition poursuivra son itinérance en région et à l’international en 2013.
Quelques références…
GENEVE : Centre d’aide sociale – Concours
BISCARROSSE : Restaurant & Théâtre LA RIVE – Réalisé en 2010
MARTILLAC : Château Smith Haut-Lafitte- Livraison 2012
BORDEAUX : Cité Hannapier – Livraison 2012
NOISY- LE- GRAND : Logements sociaux aux Bas-Heurts - Diplôme en 2008
NEW-YORK : Transposition urbaine de Central Park- Projet 2009
Et si demain, nous reparlions des Bas-Heurts, à Noisy-le-Grand ?
Ah !!! Noisy-le-Grand, il y a déjà un Architecte en chef, c’est Monsieur le Maire. Nous avons bien compris que l’aménagement des quartiers Ouest de Noisy-le-Grand, notamment sur le périmètre Mont d’Est – Brossolette (Mailles Horizons + Bas-Heurts), fera l’objet prochainement d’une nouvelle ZAC. Alors aura-t-on le plaisir de revoir un jour sur les Bas-Heurts cette bande de jeunes effrontés qui militent pour une architecture de l’habitat dense et complexe, tout en prenant acte de l’évolution des modes de vie et des populations au travers d’une urbanité contemporaine, sans éradiquer violement tout ses habitants historiques.
Allez savoir !!! Mais à l’ADIHBH-V nous ne disons pas: « Fontaine je ne boirai jamais de ton eau ».
Et comme par ailleurs, « pour les âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années » !!!…
Alain Cassé
Président de l’ADIHBH-V
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(1) - Les Etudiants du groupe de l’ENSAPLV étaient : Nurit GIL, Chanez KHALEF, Dorothée BOURGOIN, Célia HORN, Vincent LAVERGNE, François LAHEURTE, Jérémy NADAU, Peter BRANDBERG, Maxime GERAULT, Olivier STADLER, Géraud SARRET, Nelson FERREIRA, Antoine CAILLOU, Sulian CLEMENT-GUILLOTIN, Thomas HUGUEN, Arnaud LAPENNA et Philippe BOURDIER.
- Toute notre gratitude aux Professeurs Mrs HARARI, GRIBE et COHEN.
(2)- PCF, UMP, UDF-MoDEM, Les VERTS,
(3) - Il y a des parcours qui vous coupent le souffle. Fortes têtes, encore Etudiants en 2004, Jérémy et Vincent se font remarquer en étant “meneurs“ contre la réforme de l'enseignement en Architecture initiée par la tutelle, allant jusqu'à organiser une expédition et faire du raffut sous les fenêtres du Ministère Parisien de la Culture. La Directrice à la Direction de l'Architecture, s'en mêlera et descendra de son bureau affronter ces jeunes impétueux...
Preuve qu'au Ministère de la Culture on n'est pas rancunier. Aujourd’hui, voici NADAU-LAVERGNE ARCHITECTURES lauréat des AJAP, cuvée 2012. Et cela tombe bien parce que pour ce qui est des cuvées, ce sont des spécialistes. Tenez-vous bien, à 29 ans, après « Château Barde-Haut » (2010) ils signent leur deuxième chai dans le prestigieux cépage du Bordelais : Château Smith Haut-Lafitte »(2012).
(4) – NADAU-LAVERGNE ARCHITECTURES, 60 rue de Meaux, 75019 PARIS et 2 rue Saint-Etienne, 33000 BORDEAUX.