Compte rendu sur notre conférence/débat sur le projet d'inflexion d'aménagement des Bas Heurts
CONFERENCE-DEBAT
SUR LE « PROJET D’INFLEXION »
POUR LES BAS HEURTS.
Dans le cadre de la phase de concertation sur l’aménagement urbain du quartier des Bas Heurts (dit du Clos aux Biches) à Noisy-le-Grand, l’ADIHBH-V et le Collectif A.U présentent aux Noiséens leur « projet d’inflexion » lors d’une réunion publique le lundi 22 juin 2015, à 19h.
Rappel du contexte historique depuis 2004.
En juillet 2004, la municipalité de Noisy-le-Grand décide de créer une ZAC ayant pour but la construction de 1500 logements collectifs et d’équipements publics sur le quartier pavillonnaire des Bas-Heurts (appartenant pleinement, à l’époque, au quartier de La Varenne…).
En septembre 2004, une partie des habitants des Bas-Heurts se constitue en Association de défense (ADIHBH-V) pour s’élever contre la destruction de leur quartier. Avec l’aide d’un groupe d’étudiants de l’ENSAPLV (1), ils se mobilisent contre le projet de nouveau quartier qui menace notamment de raser totalement le tissu pavillonnaire des Bas-Heurts. Le travail conjoint de l’Association et des étudiants permet de rendre plus intelligible la situation des Bas-Heurts auprès de la Commission d’Enquête Publique de Janvier-Février 2007, et en avril 2007, cette dernière délivre « un avis défavorable unanime » à la DUP.
Associé à diverses aventures juridiques (annulation de la ZAC par le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise, annulation du PLU par le tribunal administratif de Montreuil, etc…,) qui se sont toutes soldées par des désillusions pour la Commune de Noisy-le-Grand, un coup d’arrêt est donné au premier projet d’aménagement des Bas-Heurts.
Mais la commune s’obstine !
En 2014, un nouveau projet de ZAC pour le quartier des Bas-Heurts (Clos aux Biches) est mis sur la table par la mairie de Noisy-le-Grand, conçu et dessiné cette fois par l’agence de l’Architecte-Urbaniste Christian Devillers (2). Ce projet s’inscrit dans la continuité du projet Maille-Horizon-Nord, situé sur une partie de la friche du Clos-Montfort et dont l’aménagement a déjà débuté.
Le nouveau projet pour Maille-Horizon et les Bas-Heurts partage certains des grands principes du projet des premiers étudiants de 2007, comme une approche globale des deux quartiers, le remaillage à partir de l’existant, la recherche de mixité typologique et fonctionnelle, la présence d’un grand parc, etc.
Sur les Bas-Heurts, il pose cependant toujours le même problème de fond : celui de s’implanter dans un site sans en considérer ni le parcellaire, ni les typologies existantes, ni les habitants. Le point de départ du projet des Bas-Heurts reste,. A l’exception notable des voies.
Cette ignorance du tissu existant mène à la création de situations problématiques, en particulier sur les franges du projet (les bordures par rapport aux secteurs voisins): de brutales ruptures d’échelles entre les tissus pavillonnaires et les grands collectifs culminant à R+9 ou R+10, susceptibles de perturber l’équilibre morphologique du quartier, après en avoir expulsé les habitants. Il en résultera à coup sûr l’émergence d’une enclave urbaine totalement étrangère aux formes antérieures et incapables d’assurer une transition progressive vers des densités plus élevées compatibles avec les formes urbaines et le tissu existants.
L’ADIHBH-V décide alors de faire à nouveau appel à de jeunes architectes d’Etat de l’ENSAPLV (1) fraîchement diplômés pour trouver à nouveau une alternative à cette démarche. Dans la continuité des principes énoncés il y a 8 ans, ils sont convaincus que l’urbanisme de ZAC doit être questionné quand il implique la table rase quasi-systématique et la production d’un monde hétérogène en rupture avec le contexte dans lequel il s’insère.
Face à un projet dont certaines grandes orientations apparaissent comme pertinentes et surtout face au contexte de Maille-Horizon Nord qu’il faut désormais prendre en compte, le travail de l’Association ADIHBH-V et du Collectif Architecture et Urbanisme (Collectif A.U - CAU) s’est rapidement orienté vers la recherche d’un compromis, plutôt que vers un contre-projet sur l’ensemble du site ou d’une opposition ferme mais stérile à toute évolution.
Comme en 2007, et afin de répondre à la demande de l’ADIHBH-V, le projet élaboré par le CAU doit scrupuleusement préserver les maisons encore habitées sur le site et atteindre une constructibilité totale d’environ 1000 logements, sensiblement inférieure à celle du projet Communal de C. Devillers. C’est donc avec ce double objectif que le travail s’est engagé.
L’idée directrice de ce « projet d’inflexion » est ainsi d’admettre certains principes communs : le schéma de voirie proposé dans le projet Communal, qui comporte notamment l’élargissement de la rue des Aulnettes et de la rue Daniel Perdrigé ainsi que la création d’une nouvelle voie est-ouest, a semblé cohérent et a été conservé.
Cette décision prise, la première étape a consisté à cerner précisément quelles emprises foncières du projet Communal étaient constructibles dès aujourd’hui sur les parcelles acquises ou en passe d’être acquises par la collectivité publique.
Cette étude permet de conclure que des pans entiers du projet de C Devillers sont dès maintenant quasiment constructibles, notamment pour une large part les îlots situés à l’est de la coulée verte. Il s’agit des îlots « internes » des Bas-Heurts, qui justement longent l’avenue Montaigne à l’ouest et Maille Horizon au sud et dont ils reprennent les grands gabarits.
En revanche, sur les «franges», le long des rues Pierre Brossolette et des Aulnettes, le projet de C. Devillers rencontre et se heurte à de nombreuses parcelles non acquises, empêchant globalement le développement du projet.
En effet l’implantation du bâti du Clos-aux-Biches étant apparemment définie en l’absence de division foncière préalable, il interdit toute possibilité d’échelonnement du projet dans le temps.
Et à moins que la mairie ne procède aux expropriations requises, le projet est inconstructible en l’état.
Et c’est précisément sur ces franges que se trouvent les îlots du projet du Clos-aux-Biches qui introduisent les principales ruptures d’échelle et de tissu avec le contexte de Bry-sur-Marne à l’Ouest, et de la Varenne au Nord.
Ainsi le projet d’inflexion propose de conserver la voirie projetée, le principe de la coulée verte, ainsi que le coeur du projet (les îlots 4 et 6 et une partie de l’ilot 2), mais de repenser les «franges», qui longent les rues des Aulnettes et Pierre Brossolette, où il s’agira d’abord, en conservant et en confortant l’existant, d’assurer une articulation plus fine et plus organique avec l’environnement immédiat en édifiant de petits collectifs R+2.
Le projet du Collectif A.U pour l’ADIHBH-V se présente donc comme un amendement à celui de C. Devillers, soutenu par la mairie de Noisy-le-Grand.
Cette implantation de bâti n’est cependant pas un produit fini. Il présente néanmoins un certain nombre d’avantages qui laissent à penser qu’il peut servir de base à un consensus fructueux :
- Il réalise la performance de densification requise par l’ADIHBH-V (1 000 logements + commerces & équipements de proximité) tout en préservant les maisons encore habitées du quartier et en réduisant globalement les gabarits constructibles ;
- C’est une base d’un compromis possible avec les initiatives prises par la collectivité locale : Il est en mesure d’atténuer les tensions et créé les conditions favorables à la mise en œuvre rapide d’une opération d’aménagement ambitieuse qui respecte néanmoins tant les modalités d’occupation existantes du site que les processus de mutation progressive qu’il requiert ;
- Sa méthode, qui consiste à créer un nouveau découpage parcellaire à partir des structures foncières existantes, assure les conditions optimum d’adaptation et d’inflexion nécessaires à la conduite d’un projet de longue échéance au cours duquel il conviendra d’ajuster les dispositifs architecturaux à des situations évolutives ;
- Ce projet n’est pas un plan-masse qui fixerait une fois pour toute la forme, l’implantation et les contours des volumes bâtis, ce n’est pas un projet clé en main. Au-delà de sa souplesse d’adaptation, il n’est finalement qu’une démonstration que les objectifs quantitatifs de l’opération d’aménagement du quartier des Bas-Heurts peuvent effectivement être atteints en garantissant que ses objectifs qualitatifs (préservation des maisons existantes, échelles plus adaptées sur les franges de la rue des Aulnettes et de la rue Pierre Brossolette, évolution et mutations progressives du tissu urbain dans le temps, qualités urbaines recherchées, etc.) le soient également.
- Le nouveau découpage parcellaire associé à un règlement urbain (règles générales et règles voie par voie) permettront l’aménagement cohérent de l’espace dans le temps.
L’ADIHBH-V en conclusion.
L’ADIHBH-V ne peut que s’enorgueillir du travail réalisé par ces jeunes Architectes d’Etat dans le cadre du Collectif A.U. Ce fut très professionnel, de grande qualité et sympathique comme chaque fois avec ces jeunes filles et jeunes gens. La qualité du travail fourni fut également salué par Laurent Foret, Directeur de la SPL SOCAREN (aménageur de la ville), lors de la présentation de notre « projet d’inflexion » à la Commune, le mercredi 17 juin 2015.
Ainsi, la démarche de l’ADIHBH-V est reconnue comme crédible dans le cadre de cette concertation sur l’aménagement la ZAC du Clos aux Biches. Ce « projet d’inflexion » qui ne pratique pas la table rase prend aujourd’hui tout son sens, à partir du moment ou elle respecte l’humain !
Des humains qui veulent rester sur les lieux et qui manifestent leur choix.
En effet, l’ADIHBH-V ne se cantonne pas dans une posture négative et stérile. Elle pratique une politique citoyenne, noble et non politicienne. Elle apporte de l’apaisement et de l’intelligence.
Au risque de se répéter, notre « projet d’inflexion » s’articule autour d’un compromis possible avec les initiatives prises par les ex élus de Noisy-le-Grand. Nous insistons sur le fait qu’il est en mesure d’amenuiser les raideurs d’un futur Maire et de créer les conditions favorables à la mise en œuvre rapide d’une opération d’aménagement. Toute initiative contraire serait une absurdité qui ne ferait que retarder encore et encore l’urbanisation du quartier des Bas Heurts.
Le seul « hic », est l’absence des ex élus de premiers er seconds rangs que nous avions invité à la conférence pour l’occasion. En tant que citoyens, ils avaient toute leur place, mais voilà, ils se sont ‘dégonflés’. Cela manque d’épaisseur, ils refusent l’information, ils refusent le débat, c’est peu glorieux et lamentable car bien évidemment, nous n’avons pas non plus reçus de motifs d’excuses pour justifier ces absences.
Manifestement les politiques s’intéressent au peuple, mais seulement au moment des élections.
Nous refermons le classeur pour le moment afin de savourer des vacances bien méritées. Néanmoins ce projet d’urbanisme restant d’actualité, nous ré ouvrirons le dossier à la rentrée, au moment de la campagne électorale à l’approche des prochaines élections municipales. Il serait vraiment dommage de s’en priver en ne le mettant pas sur la table !!!...
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1- Ecole National Supérieure d’Architecture de Paris-La Villette,
2- Christian DEVILLERS reçoit le Grand Prix de l’Urbanisme et de l’Art Urbain en 1998. Pendant ces années de pratique, Christian Devillers a écrit de très nombreux articles dont une grande partie développe et approfondit sa réflexion sur la notion de projet urbain.
3- Lors de la présentation de notre « projet alternatif » à la Commune le 17 juin écoulé, nous avons eu la confirmation, mais nous le savions déjà, que Christian Devillers à répondu à une « commande restreinte » de la Commune de Noisy-le-Grand en vue de la création de la ZAC du Clos aux Biches, soit 1.500 logements sur un terrain vierge. Evidemment, chemin faisant lors du débat, Madame la Chef de Projet de chez Devillers est d’accord avec la démarche du Collectif A.U et de l’ADIHBH-V, mais se défend en invoquant « la Commande », dont le cahier des charges a été rédigé par la Direction de l’Urbanisme de l’époque.
Cet aspect des choses nous interpelle sur la faible marge de manœuvre entre Christian Devillers qui doit faire vivre son Agence d’Urbanisme, face au pouvoir politique de Noisy-le-Grand !
Interpellation d’autant plus ubuesque, que Christian Devillers déclare dans le n° 372 de la revue URBANISME en mai- juin 2010 : « Une ‘ville’ qui se construit en effaçant les traces de ce qui la précède (fussent-elles fragiles comme un chemin rural) a déjà perdu la moitié de ce qu’est une ville (elle n’a pas d’histoire, pas d’épaisseur, de complexité). Une ville qui ne peut pas se renouveler par partie (sans perdre l’ensemble) est déjà une ville morte. Christian DEVILLERS – Revue URBANISME – mai juin 2010, n° 372 ».
Alors oui Monsieur C Devillers, si nous suivons bien vos préceptes, le quartier des Bas Heurts est mort. Maintenant il faut savoir si vous êtes le Conseil de la ville de Noisy-le-Grand pour urbaniser le quartier des Bas Heurts en respectant les habitants parce que vous êtes le sachant, tout en vous appuyant sur votre éthique professionnelle qui a fait de vous un Grand Architecte à l’origine de l’urbanisme moderne, ou vous faites du business pour faire vivre votre boutique !
Cette dernière option peut aussi se comprendre, mais pas sur le dos des habitants des Bas Heurts, à Noisy-le-Grand.