Chaufferie au bois à Noisy-le-Grand, vraiment écolo ?...
NOISY-LE-GRAND
AURA SA CHAUFFERIE
AU BOIS
En retenant le projet d’une chaufferie au bois pour le futur centre aquatique et l’hôtel de ville, Noisy-le-Grand joue la carte de l’écologie et de l’économie.
L’usage du bois pour le chauffage, énergie renouvelable et ressource importante, participe à la gestion, l’entretien et la préservation des forêts d’une part, et limite la consommation d’énergie fossile néfaste pour l’effet de serre, d’autre part. En outre, le CO2 relâché lors de la combustion provient du carbone stocké par les arbres lors de leur croissance (photosynthèse). Ce CO2 est par la suite absorbé par les jeunes arbres en croissance, grâce à la gestion durable des forêts.
L’opération prévoit l’investissement de deux chaudières au bois d’une puissance de 900 et 250 kW, deux chaudières au gaz d’appoint et de secours de 1000 kW chacune, avec possibilité d’une troisième chaudière gaz de 500 kW. L’investissement de départ est important puisque estimé à 3 400 000 € HT, mais la dimension écologique de ce projet doit permettre à la ville d’obtenir de nombreuses subventions de la Région Ile France à hauteur de 40% du coût des études et 30% du coût des travaux. De plus, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) finance les études de maîtrise d’œuvre à hauteur de 25% de leur coût HT.
Le coût du bois est d’environ 50% inférieur à celui du gaz. Il est fonction de son Pouvoir Calorifique (PCI).
Cette chaufferie semi-enterrée, d’une surface prévisionnelle de 450 m² sera implantée sur la parcelle située entre le centre aquatique et le boulevard Paul Pambrun. Une desserte de cet équipement est envisagée entre le bd Paul Pambrun et l’avenue Emile Cossonneau, sur l’allée de la Marne, terminée par une aire de manœuvre de 500 m². Les travaux devraient démarrer en fin d’année.
Même si le dossier présenté à l’enquête publique [1] ne dit rien sur le sujet, nous estimons que la chaufferie bois nécessitera la mobilisation annuelle d’environ 1500 tonnes de bois forestier déchiqueté, propre et calibré au format 40x40x10 mm. Les livraisons se feront par camions semi-remorques gros porteurs de 32 t, 14 m de long et 90 m 3 de volume. Un silo de stockage enterré d’environ 240 à 270 m3 sera nécessaire, permettant une autonomie de fonctionnement de 5 jours à pleine puissance, soit 2 à 3 camions / semaine au plus fort de l’hiver ; d’ou une estimation de 60 camions / an, auxquels il convient d’ajouter l’élimination de 15 à 20 tonnes de résidus (cendres et suie).
Commentaires
Un projet de chaufferie bois nécessite une vraie réflexion en amont sur une étude prospective de la filière. L’économie de chaque projet doit être envisagée globalement, en prenant en compte à la fois les disponibilités locales de la ressource en bois (ressources forestières, déchets et sous-produits de l’industrie du bois) et les débouchés de la production de chaleur avec par exemple, la connexion à un réseau de chaleur desservant un groupement d’immeubles collectifs. Chaque projet doit faire l’objet d’une étude spécifique. En l’espèce, à Noisy-le-Grand le citoyen n’a eu aucune information dans les dossiers d’enquête publique ou lors des différents conseils municipaux.
Chacun s’accorde à dire que la dimension forestière territoriale est fondamentale. S’il n’existe pas de source d’approvisionnement de proximité, le coût du transport s’avérera un handicap s’il faut transporter la biomasse sur de longues distances. Sans compter la pollution engendrée par celui-ci !
La problématique du développement durable s’accommode mal du transport routier sur des distances de collecte supérieures à plusieurs centaines de kilomètres (ce qui est classiquement celui des usines de trituration) et la matière première sort alors très largement du périmètre forestier dans lequel elle a été produite.
Dans ce dossier, il est curieux que ne soit pas abordé le « bilan carbone » [2] de l’opération qui s’inscrit dans la mise en œuvre des objectifs qui ressortent du Grenelle de l’Environnement, alors que le choix du transport routier par camions gros porteurs a été effectué. Le transport routier, c’est de la pollution, c’est en 2009 54 personnes tuées par les poids lourds sur nos routes, ce sont des routes défoncées en hiver dont la réfection est à la charge de la collectivité. Aussi, il n’est pas rare de voir des municipalités décréter l’interdiction d’accès des camions à l’intérieur de leur ville, pour éviter les nuisances. A Noisy-le-Grand nous les attirons, et de plus sur le boulevard Paul Pambrun, dont le Maire nous avait informé dans le PADD qui définit les objectifs du PLU, qu’il souhaitait ramener ce boulevard à deux voies de circulation. Comprenne qui pourra ….
Alors que la possibilité d’un transport fluvial des boues du l’usine de traitement des eaux « Marne Aval » de Noisy-le-Grand avait été demandé par la municipalité, lors d’une violente opposition au projet du SIAAP, en 2005. Aujourd’hui rien de tout ne cela, aucune hypothèse de transport de la biomasse sur la Marne ou par rail, alors qu’une étude de l’ADEME de 2002 signale que les « bilans carbones » du transport fluvial et du rail sont respectivement inférieurs de 29 et 48%, par rapport au transport routier.
De même, nous n’avons aucune information sur l’origine de l’approvisionnement du bois. Pourtant, un autre paramètre à prendre en compte est la qualité et la pérennité de la ressource. Les quantités économiques disponibles doivent être suffisantes et durables. Le bois doit satisfaire aux critères requis par l’installation (taux d’humidité, types d’essences, PCI, dimensions et conditionnement). Compte tenu du développement de la filière bois-énergie, la production des plaquettes forestières doit s’effectuer aujourd’hui à grande échelle et passer à la production industrielle. En 2000, seulement une vingtaine d’entreprises pouvaient produire à grande échelle. Qu’en est-il en ce moment ?
Enfin, dans une logique de développement durable, nous nous interrogeons sur le silence des « VERTS » de Noisy-le-Grand sur ce dossier, c’est pourtant leur enjeu, non ?... Ceci dit, c’est avec beaucoup de plaisir que nous publierons des informations complémentaires de Sylvie Duffrene qui pourraient nous parvenir et lèveraient toutes ambigüités.
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[1]- L’enquête publique se déroule du 06 octobre au 05 novembre 2010 inclus. Registres à la Direction de l’Urbanisme, Mairie de Noisy-le-Grand.
[2]- Qu'est-ce que la méthode « bilan carbone » ?
C'est une méthode de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre à partir de données facilement disponibles, pour parvenir à une bonne évaluation des émissions directes ou induites par une activité ou un territoire.
Elle s’applique à toute activité : entreprises industrielles ou tertiaires, administrations, collectivités et même au territoire géré par les collectivités. Le « bilan carbone » permet également d'étudier la vulnérabilité d´une activité économique ou d'une collectivité et tout particulièrement sa dépendance aux énergies fossiles. Il est en France utilisé pour le calcul du bilan des émissions de gaz à effet de serre, que la Loi Grenelle 2 a rendu obligatoire pour un certain nombre d'entités territoriales.
Informations complémentaires :
- Consulter avantageusement les deux articles sur le même sujet, publiés sur le blog : http://echosdenoisy.blogspot.com
- L’association des riverains « NOISY-LE-GRAND AGREABLEMENT s’est constituée le 06 octobre 2010, pour défendre le site de l’allée de la Marne. Une pétition circule, consulter : nlg.agreablement@gmail.com
Contribution bibliographique :
- Société Schmid France, fournisseur de chaudières bois, 68840 Pulversheim
- ARENE : « La chaufferie bois du Lycée Saint-Charles », à Athis-Mons (91).
- Revue : « Le Bois International » Les cahiers du bois-énergie n°44, décembre 2009
- La lettre de l’ADEME, n° 16, décembre 2000, « Faire feu de tout bois, mais avec méthode ».