Lettre ouverte de Joëlle HÉLÉNON, conseillère municipale
JOËLLE HÉLÉNON,
VIOLEMMENT PRISE À PARTIE.
SA LETTRE OUVERTE
AUX NOISÉENS !
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Un mois déjà depuis ce 13 mars 2021, jour de ma venue au commissariat de Noisy-le-Grand. Trois semaines aussi depuis la publication du communiqué du Maire sur les réseaux sociaux, indiquant que j’avais manqué de discernement. Trois semaines que mon nom circule, sali, souillé. Trois semaines que les intérêts politiciens priment l’instrumentalisation d’une sordide affaire de violence à la protection d’intérêts citoyens supérieurs. Trois semaines que je suis livrée aux chiens.
Aucun élu de la majorité n’est intervenu pour dire stop à ce lynchage sur les réseaux sociaux. Six d’entre eux m’ont appelé pour connaître les faits et me soutenir. Trop peu ont questionné le fond. Trop ont manipulé les faits de manière éhontée.
20 élus de la majorité ont rédigé une pétition contre moi. Plusieurs adjoints au Maire ont demandé le retrait d’une ou de toutes mes délégations. Quelques-uns se sont déjà répartis celles-ci, tels des charognards.
Aujourd’hui, j’ai décidé de ne plus me taire et de rétablir la vérité des faits auprès des noiséens.
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Ce samedi 13 mars, je suis l’élu d’astreinte. Après avoir célébré des mariages en matinée, je suis en réunion avec des noiséennes. Ce sont des mamans. Et les sujets abordés tournent autour de l’aide sociale, de l’emploi et des activités pour les jeunes.
À 18h00, je suis appelée par ma collègue, Mareme Fall. Elle est paniquée au téléphone. Son fils, et 4 autres jeunes adolescents ont été interpellés par une patrouille de la compagnie de sécurisation et d’intervention de la Seine-Saint-Denis ; elle ne comprend pas pourquoi ; elle est au commissariat et me demande de venir.
Je pars immédiatement. Une des mamans présentes me conduit au commissariat. Sur le trajet, une autre noiséenne m’appelle, dans la même détresse. En me dirigeant vers le commissariat, je rencontre Monsieur et Madame Y qui me disent que leur fils a été également interpellé.
À la question du Parisien, « l’adjointe au Maire a-t-elle tenté de faire pression sur la police ? », la réponse est NON.
Mon rôle dans ce commissariat fut d’être aux côtés des familles, d’être un soutien pour elles, en ma qualité d’élu d’astreinte, d’adjoint au Maire de quartier.
Ce samedi 13 mars, j’ai été avec ces parents, choqués par la brutalité de l’interpellation de leurs enfants, terrifiés devant leur garde à vue, perdus face une procédure qu’ils ne connaissent pas.
Aujourd’hui, je reste aux côtés de ces familles horrifiées, blessées mais combatives. De faits graves et condamnables se sont passés ce samedi 13 mars, aux Espaces d’Abraxas lors de l’action de la police et lors de cette garde de vue dans ce commissariat.
Les 4 familles des enfants interpellés ont porté plainte contre X pour injures racistes, violence et abus d’autorité. J’ai également porté plainte pour injure raciste.
Le 26 mars, Monsieur Loïc PAGEOT, procureur adjoint près le Tribunal de Bobigny, informa notre avocat avoir demandé l’ouverture d’une enquête après le dépôt de ces 5 plaintes.
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Ce samedi 13 mars, ma seule intervention auprès des policiers fut de demander, d’insister vivement, avec émotion, pour la venue d’un médecin afin d’examiner le jeune A, sorti de garde à vue avec un hématome à la tête. N’est-ce pas le strict respect de la loi ? N’est-ce pas le strict respect des droits de tout gardé à vue ?
Devant mon insistance, les pompiers sont appelés. A. nous confie alors que lors de son interpellation, un policier l’a maintenu au sol en positionnant son genou sur sa tête. Les pompiers venus examiner A. lui diagnostiqueront plusieurs hématomes à la tête. A. sera transporté par les pompiers à l’hôpital pour un examen plus poussé.
Les plaintes déposées, l’enquête ouverte : la vérité, toute la vérité sera révélée. Ces familles victimes iront jusqu’au bout. Ces 4 enfants doivent être reconnus dans leur statut de victimes afin d’être des adultes équilibrés et de bons citoyens. Je me félicite de leur détermination. Elles sont le porte-voix de ces familles respectables de nos quartiers populaires, dont les enfants ont été victimes de mêmes violences et qui se sont tues.
Je m’oppose à ce qui se murmure : Non ! tous les « jeunes noirs et arabes » de nos quartiers prioritaires de Ville ne sont pas des délinquants, ni des dealers.
La très grande majorité des familles de ces quartiers est travailleuse, courageuse, investie dans l’avenir de ses enfants.
C’est elle aussi qui s’est déplacée en nombre dans les urnes pour voter pour notre équipe municipale.
Ce 13 mars, au cœur de Noisy-le-Grand, 4 adolescents qui jouaient au foot ou au basket sur l’aire de jeux du quartier, ont connu les pires brimades : insultes, coups, menace de viol avec une matraque, humiliations, injures racistes …
Alors, je me tourne vers ces 20 pétitionnaires, vers ces 20 justiciers. Ceux qui étaient ce 13 mars confortablement installés chez eux avec leurs enfants. Ceux qui n’étaient pas dans ce commissariat. Ceux qui n’ont rien vécu de toutes ces violences. Ces 20 justiciers qui sont prêts, les pierres à la main, à me lapider en place publique. Ces 20 justiciers qui parlent d’erreur, d’erreur de jugement. Je les laisse à leurs accusations.
Toutefois, leur attitude rappelle des heures sombres de l’histoire de notre pays. Ces heures où par pur calcul politique d’aucuns ont préféré taire les atteintes graves à nos libertés fondamentales, d’aucuns ont privilégié leur petite carrière politique à ce qui fait la grandeur de notre nation ! Leur attitude me ramène tristement dans cette cour de récréation de mon école primaire de Rosny-sous-Bois, à ces insultes racistes, à ces crachats, à ces coups de mes camarades de classe. Leur attitude me ramène dans ce réfectoire de cantine, où les pions me demandaient de manger le vomi de mes camarades. Presque 50 ans après, je ne tolérerai pas que vous commettiez à nouveau cela contre des enfants de Notre République.
Quand la loi de notre République serait violée par ceux qui ont pour mission de la faire respecter, les citoyens que nous sommes, les élus que nous sommes, n’ont-ils pas pour devoir d’élever leurs voix ? Devons-nous assister aveugle à la République qu’on déshabille ? L’adulte que je suis devenue, le croit profondément.
Ce 13 mars, j’ai été aux côtés des noiséens qui me l’ont demandé. Je ne trahirai jamais les habitants du quartier dont j’ai la délégation.
Être au service des noiséens est l’unique sens de mon engagement politique. J’ai toujours répondu présent à leurs demandes, qu’elles soient du Pavé Neuf, du Mont d’Est, des Espaces d’Abraxas, antérieurement des Bas-Heurts, aujourd’hui de Maille Horizon Nord.
Ce n’est pas la première fois que je viens dans ce commissariat. J’y suis venue de nombreuses fois avec des familles souhaitant porter plainte, avec des femmes victimes de violences conjugales. Je connais bien sa petite salle d’attente glauque, ses affiches vieilles de 10 ans, cette chaise cassée …
Aussi, je regrette profondément que d’aucuns aient pu voir dans ma simple présence au commissariat, ce 13 mars, une quelconque forme d’ingérence. Mon intervention s’inscrit en parfaite cohérence avec la conviction du sens de mon engagement politique.
De même, me présenter sous les traits d’une pasionaria anti-police, relève d’une totale désinformation.
Dans le cadre de ma délégation de quartier, j’ai toujours été en lien avec des policiers nationaux et municipaux. J’ai eu plusieurs entretiens et échanges avec les 3 commissaires de police, les 2 précédents et l’actuel. Je sais pouvoir compter sur ces agents et officiers de police engagés pour la sécurisation et la lutte contre tous les trafics, dans nos quartiers.
Le débat ne peut se résumer comme trop souvent à une critique grossière de nos forces de l’ordre.
Pour être forte, la police de notre Pays doit jouir de toute sa légitimité. Pour être légitime, celle-ci ne peut souffrir d’un préjugé permanent d’abus et de violence. Il faut que cela change ! Il faut que cela change dans notre Ville !
Taire les dérives que j’ai subies et vues serait laisser croire à nos jeunes que l’autorité de l’État est vaine car injuste.
Je suis en faveur d’une police présente dans l’ensemble de notre Ville. Les quartiers prioritaires de notre Ville ne sont pas, ne doivent pas être des zones de « non-droits ».
Je suis en faveur d’une police présente tous les jours dans nos quartiers. Toutefois, je veux une police citoyenne, une police respectueuse des droits de chaque noiséen, quelque soit la couleur de sa peau, son âge, son niveau social, son quartier.
La demande de tout noiséen est une demande de sécurité, de tranquillité publique, de tranquillité résidentielle, c’est-à-dire « Être bien chez soi » ; Être tranquille chez soi » ; « Rentrer en sécurité chez soi ». La réponse principale à cette demande est une police de proximité.
Une police de proximité est une police de sécurité du quotidien. Une police de proximité qui connaît les habitants et leurs problématiques. Une police de proximité identifiée par les habitants. C'est établir un cercle vertueux.
Une police de proximité est aussi une police en lien constant avec les agents de médiation.
Cette position est celle que j’ai toujours tenue auprès des noiséens du quartier Ouest, notamment au sein de réunions d’informations, d’échanges et de travail. Plusieurs dizaines de noiséens et d’acteurs locaux pourront l’attester.
Mon engagement politique en tant qu’élue locale illustre ma volonté de servir mes concitoyens avec humilité mais surtout efficacité. Le confort de la soie de mon écharpe importe peu aux Noiséens, ils attendent que je sois à la hauteur de la confiance qu’ils nous ont accordée. C’est ce que j’ai fait avant ce 13 mars et ce 13 mars.
Alors, au final, que dit la rumeur qui enfle ? Joëlle Hélénon gêne ; Joëlle Hélénon a une trop grosse délégation ; Joëlle Hélénon fait de l’ombre à certains ; Joëlle Hélénon veut prendre la place du Maire ; Joëlle Hélénon est une rivale pour ceux et celles qui se voient déjà Maire de Noisy-le-Grand en 2026.
Rumeur vaine. Elle ne sert aucun noiséen. Elle dessert la politique locale, enlisée dans des tribulations infantiles quand nos administrés attendent bien plus de nous.
J’ai reçu, le 12 avril dernier, un SMS du Maire m’annonçant le retrait de mes délégations. J’ai réceptionné, en recommandé avec AR, le 13 avril dernier, l’arrêté du Maire n°21/40.
Je reste la tête haute, fière de mes valeurs. Chers noiséens, fière de vous avoir servi, heureuse de vous avoir soutenu.
Joëlle HÉLÉNON
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