Questions sur l'enquête de satisfaction des Noiséens sur la vie à Noisy le Grand.....
ENQUÊTES DE SATISFACTION
À NOISY-LE-GRAND, POSONS LES BONNES QUESTIONS !
Depuis 1997, la ville de Noisy-le-Grand charge un Institut de Sondage de réaliser auprès des Noiséens, une enquête de satisfaction sur l’action municipale. Réalisée en décembre 2012 par IPSOS, cette dernière étude révèle que 87% des Noiséens sont satisfaits de vivre à Noisy-le-Grand. Pourquoi pas, puisque ce fut même une surprise pour le Maire. Mais attention, à ce rythme, à force de sonder l’édile va trouver du gaz de schiste…
Au Vrai Journal de Noisy-le-Grand, c’est chaque année pour nous une stupéfaction jamais apprivoisée de constater que la « mariée n’est jamais trop belle » ! La question de la vérité en politique nous rend suspicieux. Nous avons bien conscience que nous vivons en démocratie médiatique, et que notre système politique est entièrement fondé sur la conquête de l’opinion à tout prix. Ainsi, les conseillers en communication, les agences, les organismes de sondage travaillent «sur commande». La clé du succès est d’impressionner, d’exciter. Le sondage d’opinion doit faire gagner des points à force de bluff, d’habileté des prestidigitateurs et parfois même en habillant la vérité (1). Ils sont en politique comme au spectacle, il faut épater, aux frais du contribuable.
Néanmoins, si nous considérons dans notre inconscient collectif que tous ces séducteurs risquent de nous "embobiner", il est d’autant plus nécessaire que les citoyens exercent un contrôle démocratique des annonces. Ici, c’est d’autant plus opportun que « 87% des Noiséens seraient satisfaits de vivre à Noisy-le-Grand », alors que depuis 1990, le solde migratoire est négatif sur la ville. Sur la période 2002 -2007, 14600 personnes sont venues s’installer à Noisy-le-Grand et 15400 personnes ont quitté la ville sur la même période. Même si les bords de Marne sont magnifiques, Noisy-le-Grand n’est qu’une étape dans le parcours résidentiel de certains ménages. En fait, l’origine des récents emménagés sont majoritairement de jeunes couples en provenance des arrondissements situés au Nord et à l’Est de Paris (11e, 12e, 13e, 18e, 19eet 20e arrondissements), compte tenu du prix des loyers parisiens ou du coût des acquisitions lorsque vous êtes primo-accédant (2). Selon le Vrai Journal, ce choix de résidence n’aurait donc pas forcément pour seule origine le « mieux vivre » à Noisy-le-Grand, lorsque nous connaissons les problèmes de circulation et de stationnement.
En outre, aux dernières élections municipales de mars 2008, Michel Pajon a été élu avec seulement 22,9% des électeurs inscrits. Pire, sur les quatre bureaux de La Varenne (9-10-21 et 29), le Maire récolte 14,7% des inscrits ! Avec une telle performance, il serait judicieux d’expliquer aux citoyens comment l’on peut arriver à 87% de Noiséens satisfaits. Des interrogations subsistent : combien de sondés sur ce quartier ? Quelle a été la méthode utilisée ?
Donc, armé de notre bonne conscience citoyenne, dès le 12 févier 2013 nous avons sur le fondement de la Loi n°78-753 du 17/07/1978, sollicité le Maire afin d’obtenir communication de l’intégralité du sondage d’opinion en question, publié partiellement dans le n° 190 (février 2013) de Noisy Magazine. Sans réponse, nous avons réitéré notre demande à plusieurs reprises par courriel, sans plus de succès !
Refusant d’être uniquement auditeur de la communication municipale, le 12 mars 2013, l’ADIHBH-V a saisi la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA), afin que cette dernière se positionne sur ce refus de communication du Maire de Noisy-le-Grand. Le jugement de la CADA n° 20131665 du 25 avril 2013 est édifiant, à savoir : « La commission considère que le rapport établi par un prestataire extérieur, auquel la commune a demandé de réaliser une enquête de satisfaction auprès de ses habitants, est un document administratif communicable dans son intégralité, à toute personne qui en fait la demande en application de l’article 2 de la Loi du 17 juillet 1978 ».
La CADA émet donc un avis favorable à la demande de l’ADIHBH-V. Ceci dit, à ce jour nous n’avons toujours pas communication de ce fameux sondage. À Noisy-le-Grand la démocratie est équivoque . Elle refuse d’éclairer les citoyens, elle ignore la mise à disposition de l’intégralité d’éléments de connaissances qui pourraient illuminer les décideurs, c'est-à-dire les électeurs. Et pourtant ce serait le minimum que l’on devrait exiger du débat public !
La Commission des Sondages du Conseil d’Etat, nous signale dans son courrier du 26 février 2013, qu’en l’espèce : « si la publication de cette étude (sondage d’opinion de décembre 2012 ) ne paraît pas dépourvue de tout lien avec l’élection municipale de mars 2014, elle ne relève toutefois pas du champ de l’article 1er de la Loi de 1977, en ce qu’elle ne comprend ni intention de vote, ni souhait de victoire, non plus qu’aucune comparaison de notoriété de candidats réels ou supposés ».
Et voilà, avec un système politique entièrement fondé sur la conquête de l’opinion, le succès électoral justifie tous les moyens, les illusionnistes sont passés par là. Pour reprendre l’expression de Martine Aubry, lors des primaires Socialistes : « Lorsque c’est flou, il y a un loup ». Face à ce nouvel abus outrecuidant (3), les électeurs jugeront………
Le sondage IPSOS de décembre 2012
La publication et la diffusion de tout sondage tel que défini à l'article 1er de la Loi n° 2002-214 du 19 février 2002 doivent être accompagnées, entre autres, des indications suivantes, établies sous la responsabilité de l'organisme qui l'a réalisé, soit : la méthode utilisée ; les moyens ; le nombre des personnes interrogées (sexe, âge, profession du chef de ménage) ; la ou les dates auxquelles il a été procédé aux interrogations. En l’espèce, la publication de ce sondage IPSOS dans le n°190 de Noisy magazine ne comporte aucune de ces informations. Cela contribue au flou énoncé par Martine Aubry.
Par ailleurs, il faut s'interroger d'une façon générale sur la valeur scientifique d'un sondage. Quelle réalité reflète-il ? Nous présentons ici de possibles sources d'erreurs, de manœuvres intentionnelles ou non, ou encore de mauvaises interprétations.
A tout niveau de réalisation d'une enquête, l'objectivité et la valeur des résultats peuvent être mises en cause. Tout d'abord, l'opinion individuelle est difficile à établir. Ensuite, des difficultés apparaissent lors de la construction du questionnaire, pour décrire objectivement, et sans ambiguïté l'opinion des personnes. En effet, il apparaît que dans certains cas, le questionnaire peut influencer les réponses et donc modifier sensiblement les résultats. Enfin, le passage de l'opinion individuelle à une répartition de réponse en pourcentage pose des difficultés. Il en résulte que l'utilisation de résultats d'un sondage n'est pas toujours légitime.
Comment choisit-on les personnes interrogées ?
Les personnes interrogées devraient être choisies au hasard par tirage au sort, c'est ce que l'on appelle la « méthode aléatoire ». En France, les Instituts de sondage utilisent la «méthode des quotas». Il s'agit alors d'interroger un échantillon de personnes qui ont les mêmes caractéristiques socio - démographiques que l'ensemble de la population. Les critères sont généralement le sexe, l'âge, la profession, la ville... Cette méthode a l'avantage d'être rapide. L'inconvénient majeur de la méthode des quotas serait de ne pas permettre de calculer scientifiquement la marge d'erreurs (4).
Les sondages par téléphone sont-ils fiables ?
Ils réduisent les risques de "bidonnage" des enquêteurs, puisque la vérification de leur travail peut être contrôlée plus facilement. Le sondage téléphonique a cependant l'inconvénient de se prêter difficilement aux enquêtes plus complexes, dans la mesure où il est impossible de soumettre aux sondés, par écrit, une liste d'argument. En fait, le questionnaire doit être simple.
Toutefois, ces dernières années, il est apparu qu'environ 50% de la population ne pouvait pas être sondée car, soit elle a seulement un téléphone mobile (surtout les jeunes), soit parce qu'elle n'est pas présente chez elle aux heures où les sondeurs appellent.
Comment élabore-t-on un questionnaire d'enquête ?
L'élaboration du questionnaire est une phase très importante du sondage. La qualité du questionnaire conditionne largement la pertinence de l'enquête. Certaines formulations sont trop complexes. D'autres peuvent être biaisées, c'est-à-dire que la manière de poser la question influencera plus ou moins fortement la réponse. L'institut de sondage est intellectuellement responsable des questions posées.
Mais il doit souvent résister à la pression de ses clients qui cherchent consciemment ou inconsciemment, à lui faire poser des questions rédigées dans une forme favorable à leurs points de vue.
L'honnêteté des réponses ?
La critique des sondages montre que l'importance apportée au sondage paraît démesurée en comparaison de la fiabilité des réponses.
Plusieurs phénomènes peuvent concourir à donner des réponses absurdes.
Par exemple (liste non exhaustive) :
- les sondés n'ont pas d'idées précises sur les questions et ils répondent au hasard,
- les sondés trouvent le questionnaire trop long, et répondent au plus vite pour abréger la douleur,
- les sondés répondent en fonction des idées qui circulent dans leur proche
entourage,
- les sondés anticipent le résultat du sondage et répondent en fonction des résultats qu'ils aimeraient voir publier,
- les sondés n'assument pas la réalité de leur opinion et préfèrent déclarer quelque chose de consensuel…
Peut-on faire dire n'importe quoi aux sondages ?
Avec une parfaite bonne foi, il est toujours possible de faire dire n'importe quoi aux chiffres en général, et aux sondages en particulier. Un sondage réalisé dans des conditions fantaisistes et basé sur un questionnaire biaisé a toutes les chances d'aboutir à des résultats peu significatifs.
En conclusion, il est évident que depuis des années, le Maire ne souhaite pas communiquer l’intégralité de ses sondages d’opinion. Au lieu de privilégier un résultat électoral à court terme, il ferait mieux de promouvoir une pédagogie de la vérité.
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Contribution bibliographique :
- De la vérité en politique, François BAYROU, mars 2013, chez PLON,
- Courrier du Conseil d’Etat, 26 février 2013,
- Jugement CADA du 25 avril 2013,
1- Quelques souvenirs : Dépôt de bilan de la Société DUTHEIL, constructeur du Centre aquatique ; programme immobilier des Epinettes ; versement de 100 000 € de la SOCAREN à Jules Vernes Développement (JVD), au titre de l’indemnité de résiliation de contrat anticipé ; et les embrouilles du projet de la Mairie sur le Pavé Neuf en 2008, qui n’ont jamais été évoqué par Le Vrai Journal de Noisy-le-Grand ;…….
2- Plan Local de l’Habitat (PLH) 2012 – 2018, adopté,
3- Déjà en mars 2006, Le Vrai Journal de Noisy-le-Grand sollicitait le Maire afin d’obtenir la communication du sondage Sofres réalisé entre le 12 et le 15 décembre 2005. Dans sa réponse du 23 mars 2006, Michel Pajon nous informait qu'il saisissait la Commission d'Accès aux Documents Administratifs (CADA), afin que cette dernière lui précise si l'ensemble des éléments pouvaient être communiqué. Le 20 juin 2006, la CADA confirmait que ce document administratif était communicable de plein droit à toute personne qui en faisait la demande, en application de l'article 2, de la loi du 17 juillet 1978. Le 23 juin 2006, nous réitérions notre demande auprès de Monsieur le Maire, mais sans plus de succès.
4- A l’ADIHBH-V, nous ne connaissons personne du quartier de La Varenne, qui a été sondé