L'Est francilien : le rapport Auzannet
LE RAPPORT AUZANNET : UNE DECLARATION
DE GUERRE
CONTRE L’EST FRANCILIEN
Cécile Duflot, Ministre de l’Égalité des Territoires et du Logement, s’est vue remettre le 13 décembre 2012 par Monsieur Pascal Auzannet, ancien responsable du développement et ancien Directeur des RER à la RATP, un rapport d’expertise sur le projet du futur métro automatique Grand Paris Express qu’elle lui avait demandé le 1er septembre.
Ce rapport, actualise l’estimation des coûts du projet, analyse les critères possibles de sa priorisation et propose des scenarii pluriannuels pour sa réalisation et son financement. Un projet évalué à 30 milliards d'euros. C’est 10 de plus que prévu initialement qu'il faudrait mettre sur la table pour réaliser ces 175 km de métro automatique et 57 gares.
L'expert suggère plusieurs phases de réalisation. Suivant le scénario retenu, le supermétro pourrait être achevé en 2026, 2030 ou 2040. Le Premier ministre a demandé aux Ministres chargés du Grand Paris, de l’Écologie, des Transports, des Finances et du Budget que le calendrier des travaux interministériels lui permette de rendre ses arbitrages à la mi février 2013.
A l'origine, le Grand Paris Express devait être réalisé en une seule phase et s'achever en 2025. Ce qui aurait mobilisé l'utilisation simultanée d'une dizaine de tunneliers. Le rapport Auzannet aurait le mérite de dire tout haut ce que de nombreux observateurs subodorent tout bas depuis déjà plusieurs mois. En conséquence, le principe du phasage, longtemps tabou, lui apparaitrait comme la solution la plus raisonnable ?
Trois scénarios phasés
L'expert envisage trois scénarios en expliquant prudemment qu'il ne s'agit que "d'une contribution au débat qui n'engage que son auteur":
- Le premier, qui permettrait de respecter l'échéance de 2025, nécessiterait de porter la contribution de l'Etat et des collectivités locales à 12 milliards d'euros, au lieu de 4,9 initialement envisagés, ce qui dans le contexte budgétaire actuel n'est de toute évidence pas envisageable. Il semble de plus techniquement difficile à tenir.
- Le scénario intermédiaire, qui a visiblement la préférence de Pascal Auzannet, prévoit de repousser la fin des travaux à 2030. Il envisage cinq phases pour leur réalisation, dont les trois premières pouvant être réalisées en respectant l'enveloppe de 4,9 milliards d'euros d'ici 2026. Seraient donc retardées la phase 4 (liaisons Champigny centre-Noisy-Champs, Pont de Sèvres-Nanterre et Saclay-Versailles) et la phase 5, soit le tronçon Le Bourget-Roissy. P Auzannet exprime à son sujet les plus grandes réserves, au regard de son coût (2,17 milliards d'euros) et du fait qu'il doublonnerait avec le projet Charles-de-Gaulle Express.
- Le troisième, le mieux disant pour les finances publiques, repousserait à 2040 la fin des travaux, ce qui est a priori inacceptable pour les usagers des transports et les élus.
Des élus Franciliens dépités ;
une déclaration de guerre contre le métro du Grand Paris Express !
Les réactions en chaîne se multiplient depuis la remise au gouvernement du rapport Auzannet sur le calendrier de mise en œuvre du métro automatique, le Grand Paris Express. Présidents de Conseils Régionaux, Présidents de Communautés d’Agglomération, Députés, Sénateurs, Maires de toutes tendances politiques montent au créneau.
Le tronçon Champigny centre – Noisy Champs
reporté aux calendes grecques
(Illustration de Madolia)
Sur l’Est Parisien, la plus violente des réactions est celle du Président du Conseil Général du Val de Marne et des Maires de Bry, Champigny, Villiers et Chennevières, qui estiment que ce rapport constitue "une déclaration de guerre contre Orbival", la partie du tracé qui concerne le Val de Marne. Ainsi, la réalisation de la Ligne Rouge du métro automatique et tout particulièrement le tronçon qui relie Champigny-sur-Marne à Noisy-le-Grand avec la gare des « quatre communes » située en contrebas du Bricorama, est aujourd’hui menacée. La réalisation de la ligne Orange qui relie la gare de Champigny-Centre à Rosny-sous-Bois est reportée aux calendes grecques….
Cela remet en cause tous les projets de l’agglomération, soit :
- l’amélioration considérable des conditions de déplacement des habitants (RER A, RER E, Autoroute A4,….),
- le développement économique et l’emploi sur les quatre communes, avec l’abandon de la réalisation de l’atelier garage et du poste de commandement centralisé au niveau du secteur Champigny-Bry-Villiers. Aucune ligne de métro ne peut fonctionner sans ce type d’équipement.
- le rayonnement de l’ensemble des territoires.
Le 29 janvier dernier, 80 élus, quelle que soit leur étiquette politique, et 300 habitants se sont réunis sur le lieu de la gare des « quatre communes » et au gymnase Jean Macé de Villiers-sur-Marne. Tous s’accordent à dire que ces suppressions possibles sont incongrues et auraient des conséquences sur toute la cohérence du projet. A cette occasion, les élus ont lu à plusieurs voix un long manifeste argumenté, qu’ils remettront au Premier Ministre avant les annonces que doit faire ce dernier au plus tard le 15 février 2013.
(Mobilisation GPE du 29/01/2013-Déclaration commune des élus)
Ils lui demandent de réunir sans délais l’ensemble des élus et acteurs concernés afin de dégager des pistes sérieuses pour tenir les engagements pris par l’Etat. Ils pensent notamment aux recettes nouvelles qui pourraient être dégagées, ce que le rapport Auzannet s’est bien gardé de faire. En effet, des marges de manœuvre existent pour le financement de ce projet, a assuré dans un communiqué le Président du Conseil Général de Seine-Saint-Denis, dès le 12 décembre 2012. Il a plaidé pour un emprunt "sur des durées supérieures à 40 ans", rappelant que le métro parisien n'a été terminé de payer que dans les années 1970 !.
Pour le moment ils n’obtiennent ni écoute ni réponse de la part du Gouvernement sur cette question. Pour preuve, Cécile DUFLOT (EELV), Ministre en charge du Grand Paris, a encore annulé le rendez-vous du 29 janvier !!!...
A Champs-sur-Marne, Madame le Maire ne décolère pas. En s’appuyant sur un constat financier qui demande encore à être vérifié, le rapport Auzannet ne propose au Gouvernement, ni plus ni moins, que de détricoter totalement le projet validé il y a deux ans par l’Etat, la Région et les 8 départements d’Ile-de-France, dit-elle.
Plus grave encore, ce rapport, s’il était suivi par le Gouvernement, conduirait à une remise en cause des avancées acquises ces deux dernières années (ndlr : sous le gouvernement Sarkoziste), au cours de débats et de rencontres avec la population, les élus et la Société du Grand Paris.
- c’est totalement inacceptable,
- c’est mépriser toute la mobilisation consensuelle de la population et des élus du secteur, de toute la Région Ile-de-France,
- c’est mépriser tout le travail d’élaboration commun réalisé autour de l’accord du Grand Paris Express,
- c’est ne tenir aucun compte de toutes les réunions publiques tenues pour définir ce projet, y compris celles ayant rassemblé, plus de 6000 personnes autour de la Ligne Rouge Sud, concernant directement la gare de Noisy-Champs-sur-Marne.
Par ailleurs, le SAN du Val Maubuée met une pétition en ligne sur le site : http://www.valmaubuée.fr/grandparisexpress-pétition
Et Noisy-le-Grand ?
Alors que tout l’Est Francilien est en ébullition. Alors que le Cluster du Développement Durable de la Cité Descartes est bousculé, Noisy-le-Grand navigue en toute sérénité. Noisy-le-Grand inaugure son gigantesque Hôtel de Ville. Noisy-le-Grand « festoche » autour de somptueux buffets, alimentés par les impôts locaux des citoyens.
Pas de Conseil Municipal extraordinaire délocalisé comme pour l’ANRU, le 15 mai 2009. Pas de motions réprobatrices. Une absence totale d’information dans Noisy magasine et un vide sidéral dans la newsletter hebdomadaire. Il faut dire que depuis le 06 mai 2012, le « changement c’est maintenant ». Toutefois, Le Vrai Journal de Noisy-le-Grand est peut-être passé à côté d’une communication, ne sait-on jamais !
Néanmoins, nous avons ouï dire que Michel Pajon ne serait pas un aficionado de la Ligne Orange Noisy Champs – Rosny-sous-Bois ? Nous croyons savoir que si ce tronçon arrivait à Noisy-Mont-d’Est, cela validerait son scénario. Sans parler des négociations douloureuses du Contrat de Développement Territorial (CDT) entre Champs-sur-Marne, Epamarne et l’Etat.
Et les partis politiques nous direz-vous ? Nothing, silence….
Noisy-le-Grand est une ville paisible. Grand Paris Express ou pas, en juin 2013, les Noiséens feront trempette dans le nouveau Centre Aquatique. Alors, « ça baigne »!!!.... Mais attention au retour de manivelle, à manifester trop d’intransigeance, on fatigue les interlocuteurs qui sont autour de la table, on se retrouve isolé et on « boit la tasse ».
Serait-ce l’un des problèmes du développement économique de Noisy-le-Grand ?
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Contribution bibliographique :
- Rapport Auzannet : http://www.territoires.gouv.fr - Rapport de la mission sur le calendrier pluriannuel de réalisation et de financement du projet de Grand Paris Express,
- Mobilicites.com :10/12/2012, Robert Viennet : le rapport Auzannet est une déclaration de guerre contre Orbival
- Projet de déclaration commune prononcée lors du rassemblement du 29 janvier 2013, par les Maires de Bry, Villiers, Champigny , Chennevières, le Président de la Communauté d’Agglomération du Haut Val de Marne, les Sénateurs, les Présidents des Conseils Généraux du Val de Marne et de la Seine et Marne,
- Localtis.info, 13/12/2012, AL avec AFP : Les scénarios du rapport Auzannet, pour faire face au surcoût,
- Le Parisien, 30/01/2013, Louis Moulin, Laure Parny,
- Champs-sur-Marne magasine, spécial 2012,
(*) – Cécile Dubois a eu l’amabilité de nous donner l’autorisation de publier l’illustration de Madolia édité sur le site http://www.94.citoyen.com. Nous lui adressons ici, l’expression de notre profonde gratitude.