Eco-quartiers à Noisy-le-Grand ?
A NOISY-LE-GRAND, UN ECO-QUARTIER PEUT EN CACHER UN AUTRE, PRUDENCE !
L’élaboration du nouveau PLU de la commune de Noisy-le-Grand, précise l’implantation de deux Eco-Quartiers sur les Bas-Heurts et le Clos d’Ambert. Nous en avons entendu parler, mais sait-on vraiment de quoi il s’agit ? Quelques précisions s’imposent.
Un Eco-Quartier, ce n’est pas seulement des constructions respectant les normes HQE. Il se définit tout autant par son respect de l’environnement que par son rôle économique et social au sein de la cité. Sur le papier, cet ambitieux programme paraît très simple. Mais en pratique, concevoir un Eco-Quartier supposera d’envisager ensemble et de façon cohérente de très nombreux aspects. Citons notamment l’insertion dans le territoire et l’environnement, la mixité sociale, générationnelle et fonctionnelle du projet, une densité repensée avec de nouvelles formes d’habitat individuel et collectif, des choix énergétiques raisonnés reposant sur les énergies renouvelables, la maitrise des coûts de construction, l’essor des transports doux et alternatifs.
Mais un Eco-Quartier, c’est aussi une gouvernance participative impliquant les habitants ou futurs habitants et un pilotage exemplaire du projet. Cette démarche est attendue dans le cadre de la conception de ces deux projets noiséens. Il ne faudrait pas que la commune fasse l’erreur grossière de s’affranchir de ses obligations, sous prétexte que dans ces nouveaux projets, les habitants ne sont pas encore connus. En fait, il s’agit bel et bien de la transformation de quartiers existants, avec des habitants historiques qui souhaitent tout simplement contribuer. Il s’agit de valoriser l’identité des quartiers, de préserver le patrimoine naturel, de mettre en valeur le paysage urbain. Enfin, en quelques mots, de réhabiliter le patrimoine banal existant (usages et coutumes) et conserver des lieux, notamment les lieux banals de la culture sociale et intergénérationnelle, du mieux vivre ensemble.
Monsieur le Maire, débuter vos projets d’Eco-Quartier par l’éradication du quartier des Bas-Heurts, n’est pas faire la promotion du mode de vie solidaire et responsable comme le préconise le mémento « concevoir un Eco-Quartier » de la Direction Générale du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement (MEDDTL). Nous le disons haut et fort depuis 2004, et nous le dirons encore demain…..
En pratique : qu’est-ce qu’un Eco-Quartier « Grenelle »?
Le terme Eco Quartier renvoie le plus souvent à l’idée de performances énergétiques et environnementales en lien avec les bâtiments, le traitement de l’eau et des déchets ou la biodiversité. Dans l’esprit du Grenelle Environnement, un Eco Quartier doit aussi être un quartier durable, intégrant des considérations liées aux transports, à la densité et aux formes urbaines, mais également à une meilleure mixité sociale et fonctionnelle avec la participation de la société civile.
Le MEDDTL, dans ses appels à projets Eco Quartier 2009 et encore plus maintenant en 2011, vise à promouvoir des quartiers durables caractérisés notamment par :
- une gestion durable de l’eau
- un traitement optimum des déchets ;
- une biodiversité urbaine ;
- l’utilisation de modes de transports « doux » (tramway, vélo...) ;
- la production locale d’énergies renouvelables ;
- des formes urbaines denses ;
- un recours à l’éco-construction et en particulier l’utilisation d’éco-matériaux ;
- une mixité sociale et fonctionnelle.
Avec sa nouvelle grille Eco Quartier 2011, un projet s’articule autour des quatre dimensions :
- cadre de vie et usages
- développement territorial
- préservation des ressources et adaptation au changement climatique
- démarche et processus
Il est clairement exprimé que la conception même des Eco Quartiers, doit tendre à une gouvernance participative avec les habitants ou futurs habitants et à un pilotage du projet exemplaire qui s’appuie notamment sur un portage politique fort, ainsi que sur un montage financier et juridique fiable, avec des procédures solides.
Cette démarche est attendue dans le cadre de la conception de projets nouveaux, ainsi que de projets de transformation de quartiers existants. C’est bien ce dernier cas de figure qui intéresse l’aménagement des Bas-Heurts et du Clos d’Ambert, à Noisy-le-Grand. Par contre, tout le monde aura bien remarqué que dans cette commune, après toute une série de condamnation devant différents Tribunaux Administratifs de Cergy Pontoise et de Montreuil, le montage juridique fiable des dossiers n’est pas son domaine d’excellence ! Mais finalement, peut être que Noisy-le-Grand ne veut tout simplement pas, ou ne peut pas concourir pour « le grand prix national Eco-Quartier 2011 » !
Ceci dit, et cela nous a bien été confirmé par le Ministère, l’association des riverains et habitants d’un projet est considérée comme essentielle à la réussite d’un Eco-Quartier. Les experts qui analyseront les dossiers porteront une attention particulière à cette condition.
Huit projets Eco-Quartiers lancés en Île-de-France
Il s’agit d’un enjeu national, décliné à l’échelle régionale et locale. Le 3 mars 2009, le Préfet de la Région Ile-de-France, a officialisé le lancement des huit premiers contrats-cadres d'Eco-Quartiers Franciliens. Ces projets ont été signés par l’Etat, les aménageurs et les collectivités. Ces huit projets s'inscrit officiellement dans le cadre du Grenelle de l’Environnement et du contrat de projets 2007-2013 partagé par l’Etat et la Région Île-de-France.
En effet, le Grand Projet 3 du Contrat de Projet Etat-Région est assorti d’une enveloppe de 184 millions d’euros destinée à accompagner les 6 territoires d’intérêt régional ou national, dont Marne-la-Vallée avec ses 11 projets d’Eco-Quartiers.
A ce jour, trois projets verront le jour en Seine-et-Marne : l'Eco-Quartier du Sycomore à Bussy-Saint-Georges, et les Frênes à Montévrain situés sur le territoire de Marne-la-Vallée, avec Epamarne comme aménageur, et celui de Foch-Roosevelt à Meaux. Deux autres projets : l'Ile Saint Denis et les Docks de Saint Ouen sont en Seine-Saint-Denis. Les trois derniers se trouvant dans les Yvelines et le Val d’Oise.
Ces nouveaux quartiers concerneront des opérations d’au moins 1000 logements. L’Etat pourra s’engager à hauteur de 10 millions d’euros par Eco-Quartier. Pour chacun de ces projets, la constitution ou le renforcement des moyens de transports doux sont au cœur des préoccupations ainsi que la performance énergétique des logements. « Pour la Région, ces Eco-Quartiers seraient une opportunité de renforcer l’attractivité économique en proposant des emplois et un cadre de vie attrayant susceptibles de favoriser l’implantation de nouvelles activités » ?
Quelques exemples :
Eco-Quartier du Sycomore, à Bussy-Saint-Georges (77)
L’Eco-quartier du Sycomore prévoit 3 000 logements dont 30% de logements sociaux répartis sur 120 hectares (25 log/ha), comprenant un Parc Urbain de 12 ha entourant la ferme du Génitoy. Il prendra place entre le RER A au Nord, l’avenue de l’Europe et le Parc d’activités Gustave Eiffel au Sud, la plaine de Jossigny à l’Est et la limite de la ZAC du centre ville à l’Ouest. Les 10.000 habitants (84 hab/ha) qui y logeront, bénéficieront de commerces de proximités, de bureaux, d’un groupe scolaire, d’un centre de loisir, d’une crèche, d’un espace culturel et d’un stade d’athlétisme couvert
Eco-Quartier des Frênes, à Montévrain (77)
L’Eco-Quartier des Frênes est situé au Sud de Montévrain dont il occupe 28% du territoire. Il s’étend sur 153 hectares, prévoit 3300 logements (22 log/ha) réalisés autour d’un parc urbain de 21 hectares. Les 11000 habitants (72 hab/ha) qui y logeront bénéficieront de commerces, de bureaux, d’un gymnase, d’une crèche, de groupes scolaires, d’un collège, d’un lycée et d’équipements de loisirs. Il s’insère entre le Bourg Briard traditionnel au Nord et le quartier de la Gare au Sud, dans la continuité du Centre Urbain du Val d’Europe. Il reliera également Montévrain à Chanteloup-en-Brie et Chessy.
En conclusion, lorsque nous comparons ces deux Eco-Quartiers qui sortent de terre actuellement, avec les hypothétiques programmes du Clos aux Biches et du Clos d’Ambert à Noisy-le-Grand, avec 170 log/ha et 460 hab/ha, nous restons dubitatifs et sommes bien dans l’obligation de constater qu’il n’existe aucune cohérence territoriale dans les projets de Marne-la-Vallée. Aussi, nous comprenons encore mieux le désaccord qu’il peut exister entre l’aménageur Epamarne avec Maille Horizon, et la commune de Noisy-le-Grand. Rappelons pour la petite histoire, qu’à un certain moment le programme d’aménagement d’Epamarne sur le Clos d’Ambert, était de 650 pavillons. Aujourd’hui c’est 1200 logements, uniquement pour que la ville puisse engranger 10 millions d’euros de subventions.
Par ailleurs, nous entendons parler inlassablement de densification des territoires, de combat contre la périurbanisation et de la préservation des terres agricoles fertiles (ici les meilleures de Seine-et-Marne)…mais de qui se moque-t-on ?
Chacune dans son coin, les collectivités locales raisonnent à leur échelle, sans jamais être en mesure de se coordonner avec le voisin afin d’assurer les conséquences de leurs choix d’aménagement à l’échelle de Marne-la-Vallée. Comprenne qui pourra, mais cette politique d’aménagement, par manque de maîtrise des sols et par manque de vision est pour le commun des mortels totalement incohérente. Eco-Quartier ou pas, on densifie dangereusement à Noisy-le-Grand, et on se déploie outrageusement sur les meilleures terres fertiles de Seine-et-Marne, à 15 km de là…
Selon nous, un Eco-Quartier devrait promouvoir une densité cohérente et acceptable avec le territoire dans lequel il s’inscrit. Comme le préconise le projet de SDRIF 2008, une densification de 80 à 100 log/ha pourrait sans doute être un bon positionnement.
Contribution bibliographique : http://www.developpement-durable.gouv.fr – rubrique : Eco-Quartier.