Abstention record aux Regionales
ABSTENTION RECORD !
PAS DE SURPRISE...
C’est un mauvais signal, c’est un record absolu depuis les premières élections régionales de 1986. 53,63% d’abstention [*], soit 24 millions de Français qui ne se sont pas déplacés pour aller voter. Jamais la participation électorale n’a été aussi faible pour des élections régionales. L’abstention s’élevait en 1986, dans des élections à un tour à 22.1% pour atteindre 31,4% en 1992, 42,3% en 1998, et 34,3% en 2004 dans une élection à deux tours.
Les politologues, sociologues et analystes divers nous expliquent le décalage abyssal qui existe entre les préoccupations réelles de l’opinion publique que sont la crise économique, le chômage, le pouvoir d’achat et le traitement politico-médiatique de cette campagne. Toutefois, ces facteurs ne suffisent pas à expliquer l’ampleur et la nature de l’abstention. Il faut aussi noter la perte de confiance des citoyens dans les hommes politiques. A droite et à gauche, la parole politique semble plus dévaluée que jamais. Les français ont renoué avec l’idée que les politiques ne sont pas en mesure de répondre à leur préoccupation, que l’on est en crise depuis 25 ans, et qu’un vote de plus ne changera rien.
Rajouter à cela que beaucoup de Français ignorent le rôle d’une collectivité difficile à percevoir ; une campagne confuse empêtrée dans des polémiques stériles qui traduisent la médiocrité du débat : pas de richesse de l’offre politique, pas d’ambitions. Seule l’inflation verbale aura tenu lieu de débat, c’est peut être un terrain de jeu, mais surement pas un enjeu électoral!
Il existe donc aujourd’hui une nouvelle façon pour les Français de marquer leur mécontentement, c’est l’abstention-sanction. Cette masse de citoyens sous des formes diverses, disparates, confuses est entrée en dissidence en pratiquant la désaffection de l’isoloir. Ces citoyens expriment leur désespoir, ils peuvent tout aussi bien dire : « nous ne voulons pas être gouvernés comme cela »
Avec ce message de désenchantement à l’encontre des hommes politiques, il y a de quoi alimenter la crainte d’une dépolitisation rampante sapant les fondements de la démocratie. Aussi, si demain les hommes politiques veulent convaincre les boudeurs, ils vont devoir très sérieusement méditer sur la désaffection dont ils sont l’objet, car l’abstention est plurielle. Si la droite parlementaire après ce premier tour subit une défaite de participation, la gauche ne bénéficie que d’une victoire de conservation. En effet, il est tout aussi irrecevable de contester la défaite de la droite que de voir une dynamique électorale dans le surplace de la gauche.
Enfin, dans un contexte de crise économique qui met à mal les promesses électorales, à cette démocratie de l’abstention, ne rajoutons pas un rejet du civisme. Dans une démocratie le peuple est souverain, et c’est en votant que le citoyen doit se réapproprier sans cesse le pouvoir. Le droit de vote, nous osons à peine le rappeler, constitue la démocratie, chaque citoyen en bénéficie, quels que soit son âge, sa situation sociale ou culturelle. On ne doit pas y renoncer et la laisser tomber en désuétude, quand tant de pays nous l’envient et se battent pour l’obtenir.
Alors votons !
Alain Cassé
[*] Noisy le Grand : 62% d’abstention le dimanche 14 mars 2010.
Revue de presse : France info : 16 mars, Libération : 15 et 16 mars, Le Monde : 16 mars, Le Figaro : 15, 16 et 17 mars 2010
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