Le grand écart de Michel Pajon
LE GRAND ECART
DE MICHEL PAJON
ENTRE INTENTIONS
ET REALITES
Suite au rapport établi par la Commission d'Enquête à l'issue des Enquêtes Publiques relatives au projet d'aménagement de la ZAC du Clos aux Biches qui a émis un avis défavorable unanime la Déclaration d'Utilité Publique, le 11 septembre 2007, la ville de Noisy le Grand publiait un communiqué de presse dans lequel elle précisait : « La Ville réaffirme néanmoins sa volonté de poursuivre, selon un calendrier et des modalités qu'il conviendra de préciser, l'aménagement de cette partie du territoire communal, en menant des discussions avec tous les acteurs concernés : habitants des Bas-Heurts, demandeurs de logements, bailleurs, aménageurs, élus, Associations, Conseil Régional,... »
Ensuite, l'idée de création de Conseils de Quartier a fait son chemin à Noisy-le-Grand, et le 27 novembre 2008, le Conseil Municipal adoptait la Charte des Conseils Consultatifs de Quartier (voir la charte des Conseils). Nous apprenons que les Conseils de Quartiers seront des lieux d'expression de la parole des habitants des quartiers, collectée et transmise par les membres qui les composent. Ils seront associés à l'élaboration, à la mise en œuvre et à l'évolution des actions intéressant le quartier. En tant qu'instances consultatives, ils pourront être consultés sur des projets d'Intérêt local général, dès lors que ceux-ci sont susceptibles d'avoir une incidence directe sur les conditions de vie des habitants des quartiers consultés. Nous lisons ailleurs, « que le rôle des Conseillers de Quartier consistera à enrichir l'action publique en lui procurant une expertise de terrain. Par exemple sur les grands projets d'aménagement urbain, les Conseillers seront en mesure d'apporter le regard de ceux qui vivent dans le quartier et en ont l'usage »
Sachant que les Conseils sont constitués de deux collèges, et que le deuxième comporte cinq membres désignés par le Maire au travers des représentants d'organismes, d'Associations ou d'institutions dont l'activité sur le territoire du quartier, justifie leur participation aux débats, l'ADIHBH-V c'était portée candidate le 24 mars dernier.
En effet, depuis septembre 2004, il est manifeste que notre Association a développé une expertise dans le domaine de l'aménagement urbain du quartier des Bas Heurts. Pour preuve le Projet Alternatif élaboré et présenté par les Etudiants de l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Paris-La Villette, lors des Enquêtes Publiques de février 2007. Expérience unique en Seine-Saint-Denis, aux dires de la Préfecture. Par ailleurs, nous organisons (*) des manifestations annuelles avec la Fête des Cerises et depuis trois ans la Fête d'Automne. Fêtes qui traduisent le dynamisme de toute la population d'un quartier. Fêtes qui bénéficient d'un grand succès populaire car intergénérationnelle, fraternelle, familiale et diffusant une immense chaleur collective.
Ainsi, sans aucune forfanterie, l'ADIHBH-V souhaitait pouvoir contribuer à une meilleure implication des habitants dans la vie de la cité.
Et bien non, le Maire en a décidé autrement ; il a jugé que nous n'étions pas représentatifs pour participer aux échanges et aux débats entre élus municipaux et notre Association, sur la vie et l'aménagement urbain des Bas-Heurts ! Nous apprenions même lors des réunions de quartier de l'Edile en mars 2009, que les questions d'urbanisme étaient la chasse gardée des élus du Conseil Municipal, et seraient exclues des discutions puisque l'aménagement des Bas Heurts et ses 1500 logements collectifs était dans son programme électoral de 40 pages, qui avait été validé par les Noiséens lors des élections municipales de mars 2008. Michel Pajon, sans rire, a même l'outrecuidance de penser qu'avec seulement 24% des suffrages, (un électeur sur quatre), il possède la légitimité électorale pour raser les Bas Heurts. Voilà comment nous passons d'une concertation annoncée en septembre 2007, à un espoir avorté par décision autoproclamée en mars 2009. Pour ajouter à la confusion, pour ceux qui n'auraient pas bien compris la leçon, il ajoute même: « je n'ai jamais reculé et je ne reculerai pas ». Voilà une belle démonstration de démocratie représentative, merci Monsieur le Professeur. Ce n'est plus de la gouvernance, c'est de la prestigitation !
Manifestement, Monsieur le Maire n'a pas encore compris que sur tous les sujets qui touchent à l'urbanisme, à l'aménagement, à l'équipement, à l'environnement... de Noisy-le-Grand, une vraie concertation constituerait un enrichissement de la démocratie représentative par une démocratie plus participative, et induirait un changement des mentalités et des comportements qui pourraient même avoir, à terme, des effets positifs sur la criminalité et l'incivilité des cités !
Pour cela, il ne faudrait pas nous administrer un ersatz de concertation, fusse-t-il au travers des Conseils de Quartier. Encore une fois les Noiséens demandent une concertation qui commence en amont lorsqu'un projet est envisagé, sans qu'aucune décision formalisée ne soit nécessaire. Une concertation pour promouvoir la participation des citoyens aux projets par l'écoute de leurs attentes ou de leurs craintes, afin d'améliorer le contenu de ces projets et faciliter leur réalisation en évitant les multiples recours contentieux contre les abus de pouvoir.
Pour appuyer nos propos, citons les travaux d'un Professeur de Sociologie à l'université Paris-8, relatifs à la 'démocratie participative'. Yves Sintomer souligne, dans le numéro « Problèmes politiques et sociaux » d'avril dernier, qu'un mouvement de fond est engagé en ce début du 21ème siècle, la « participation » s'impose de plus en plus comme le terrain obligé de la politique et de l'action publique ». Il évoque notamment :
- l'idée qu'une gestion publique serait plus efficace lorsqu'elle s'effectue au plus proche des usagers ;
- l'idée selon laquelle, pour faire face au degré de complexité de nos sociétés, il faut démocratiser les décisions techniques et intégrer les savoirs des usagers ;
- le constat d'une recherche grandissante de l'implication de citoyens non élus dans les processus de décision ;
- et la nécessité pour les démocraties d'être plus délibératives pour gagner en efficacité et en légitimité.
Voici un juste diagnostic. En effet, il existe bien une aspiration novatrice forte et large des habitants des Bas-Heurts et autres à s'émanciper au travers l'urbanisation de leur quartier, afin d'explorer d'autres voies, à l'aide d'un autre logiciel. Malheureusement, le Maire obsédé par la nécessité d'abattre toute potentialité de concurrence électorale, au lieu de répondre à nos aspirations, ne cesse de stigmatiser publiquement notre Association. Aussi, adepte du bon vieux principe selon lequel « qui n'est pas avec moi est contre moi », le Monsieur peut se montrer irascible. Il ne manque jamais une occasion de donner de la voix et de se montrer menaçant en usant au besoin d'arguments fallacieux du style : «... la démarche d'une Association qui, en l'espèce s'avère avant tout politique et électoraliste... », ou encore dans le même registre «...qui, utilisant le projet d'aménagement des Bas Heurts à des fins politiques, ont décidé, coute que coute, par tous les moyens de le contrecarrer, pour des raisons uniquement électorales... ». C'est grotesque......
Mais les élections sont passées, Michel Pajon a été réélu, et nous n'avons pas l'impression que nous avons contrecarré grand-chose. Et pour cause, ce n'était pas notre objectif, ce n'était pas notre politique. L'ADIHBH-V a refusé de plonger profondément dans ce capharnaüm.
Ceci étant, Monsieur le Maire, vous n'êtes pas pourvu de qualités divinatoires dans le domaine urbanistique. Lorsque vous arrêterez de noircir le tableau et même si la musique se fait attendre, au travers du Conseil de Quartier ou autres commissions idoines, sachez que des citoyens non élus veulent s'impliquer dans un véritable processus de décisions techniques sur l'aménagement des Bas-Heurts et autres quartiers de la ville, en intégrant leur savoir d'usager. Aussi, veuillez admettre qu'aujourd'hui l'idée s'impose que la gestion publique est plus efficace lorsqu'elle s'effectue au plus proche des usagers.
Tout n'est pas négatif à Noisy-le-Grand, ayez de l'audace et changer de méthode, puisque vous êtes le Maire de tous les Noiséens !
Alain Cassé
Président de l'ADIHBH-V
(*) Fêtes organisées sans l'aide de la Municipalité de Noisy le Grand
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