Sondage municipal
UN OUTIL
D'AUTOSATISFACTION
A NOISY-LE-GRAND
ET AILLEURS...
Nous y voilà ! Comme le Beaujolais, l'Enquête Nouvelle (*) de la Sofres est arrivée dans les foyers des Noiséens, en octobre 2008.
Depuis quelques mois, ne voyant rien venir dans le Noisy-magasine, la population du quartier des Bas-Heurts était impatiente, voire fébrile. Tout le monde nous posait les questions : y aurait-il de mauvaises nouvelles ? L'action municipale serait-elle jugée négativement ?
Ouf, nous voilà rassurés, il n'en est rien ! La Sofres, dans son enquête traditionnelle de juin 2008, vient bien confirmer que les Noiséens approuvent très largement l'action municipale et apprécient leur vie à Noisy -le-Grand. L'honneur est sauf.
Ceci dit, il faut cependant s'interroger d'une façon générale sur la valeur scientifique d'un sondage. Quelle réalité reflète-il ? Après avoir examiné cet aspect, en toute simplicité, nous présentons ici de possibles sources d'erreurs, de manœuvres intentionnelles ou non, ou encore de mauvaises interprétations.
A tout niveau de réalisation d'une enquête, l'objectivité et la valeur des résultats peuvent être mises en cause. Tout d'abord, l'opinion individuelle est difficile à établir. Ensuite, des difficultés apparaissent lors de la construction du questionnaire, pour décrire objectivement, et sans ambiguïté l'opinion des personnes. En effet, il apparaît que dans certains cas, le questionnaire peut influencer les réponses et donc modifier sensiblement les résultats. Enfin, le passage de l'opinion individuelle à une répartition de réponse en pourcentage pose des difficultés. Il en résulte que l'utilisation de résultats d'un sondage n'est pas toujours légitime. Mais bref, ils sont là, ils sont utilisés et il faut bien faire avec....
- Comment choisit-on les personnes interrogées ?
Les personnes interrogées devraient être choisies au hasard par tirage au sort, c'est ce que l'on appelle la « méthode aléatoire ». En France, les Instituts de sondage utilisent la «méthode des quotas». Il s'agit alors d'interroger un échantillon de personnes qui ont les mêmes caractéristiques socio - démographiques que l'ensemble de la population. Les critères sont généralement le sexe, l'âge, la profession, la ville... Cette méthode a l'avantage d'être rapide. L'inconvénient majeur de la méthode des quotas serait de ne pas permettre de calculer scientifiquement la marge d'erreurs.
- Les sondages par téléphone sont-ils fiables ?
Ils réduisent les risques de «bidonnage» des enquêteurs, puisque la vérification de leur travail peut être contrôlée plus facilement. Le sondage téléphonique a cependant l'inconvénient de se prêter difficilement aux enquêtes plus complexes, dans la mesure où il est impossible de soumettre aux sondés, par écrit, une liste d'argument. En fait, le questionnaire doit être simple.
Toutefois, ces dernières années, il est apparu qu'environ 50% de la population ne pouvait pas être sondée car, soit a seulement un téléphone mobile (surtout les jeunes), soit parce qu'elle n'est pas présente chez elle aux heures où les sondeurs appellent.
- Comment élabore-t-on un questionnaire d'enquête ?
L'élaboration du questionnaire est une phase très importante du sondage. La qualité du questionnaire conditionne largement la pertinence de l'enquête. Certaines formulations sont trop complexes. D'autres peuvent être biaisées, c'est-à-dire que la manière de poser la question influencera plus ou moins fortement la réponse. L'institut de sondage est intellectuellement responsable des questions posées. Mais il doit souvent résister à la pression de ses clients qui cherchent consciemment ou inconsciemment, à lui faire poser des questions rédigées dans une forme favorable à leurs points de vue.
- Quelle est la marge d'erreur d'un sondage ?
Elle serait de plus ou moins 4,5% pour 500 enquêtés, 3,2% pour 1.000, 2,2% pour 2.000 et 1,6% pour 4.000. C'est-à-dire que l'insuffisance d'individus sondés d'un échantillon ne peut garantir la véracité des résultats. Il faut donc sonder le maximun de personnes pour apporter la meilleure qualité et réduire les marges d'erreurs.
- L'honnêteté des réponses ?
La critique des sondages montre que l'importance apportée au sondage paraît démesurée en comparaison de la fiabilité des réponses. Plusieurs phénomènes peuvent concourir à donner des réponses absurdes, soit :
- les sondés n'ont pas d'idées précises sur les questions et ils répondent au hasard,
- les sondés trouvent le questionnaire trop long, et répondent au plus vite pour abréger la douleur,
- les sondés répondent en fonction des idées qui circulent dans leur proche entourage,
- les sondés anticipent le résultat du sondage et répondent en fonction des résultats qu'ils aimeraient voir publier,
- les sondés n'assument pas la réalité de leur opinion et préfèrent déclarer quelque chose de consensuel.
- Peut-on faire dire n'importe quoi aux sondages ?
Avec une parfaite bonne foi, il est toujours possible de faire dire n'importe quoi aux chiffres en général, et aux sondages en particulier. Un sondage réalisé dans des conditions fantaisistes et basé sur un questionnaire biaisé a toutes les chances d'aboutir à des résultats peu significatifs.
- Conclusion
La réalisation d'un sondage serait délicate du fait même que l'opinion des individus est difficile à observer et donc à comptabiliser. Dans la mesure où les questions pourraient être mal interprétées, ou bien mal organisées, ou encore trop imprégnées d'idées reçues, en somme peu objectives (de façon intentionnelle ou non) ; en première lecture, les résultats s'interprèteraient difficilement. Par ailleurs, la répartition des opinions individuelles en pourcentage entretiendrait l'illusion de vérité.
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Commentaires
Il n'est pas dans notre intention de discuter globalement de la valeur des résultats de cette Xieme enquête d'autosatisfaction, commandée par la Commune à la Sofres. Néanmoins, aux chapitres :
1- Peut-on faire dire n'importe quoi à un sondage ?
Page 21, le lecteur trouvera l'étude de cas suivante. Question :
Pour chacune des réalisations ou projets suivants, pouvez-vous me dire si vous jugez, pour la ville de Noisy le Grand, utile ou prioritaire ?
- La construction d'équipement publics (crèches, école,...)dans le quartier du Clos d'Ambert et du Clos aux Biches. Réponse : degré de priorité : 79% ; degré d'utilité : 83%.
Franchement, quel est le Noiséen qui va s'opposer à la construction d'équipements publics, à partir du moment où il ne s'agit pas d'une piste de ski couverte de 200 m de longs, sur Maille Horizon (2004: projet du complexe sportif « Libercité »). Quel Noiséen va refuser une crèche, sachant qu'une seule fut construite depuis 1995, alors que la population n'a cessé de croître ! Même pas les habitants des Bas Heurts.
Les réponses auraient été vraisemblablement tout autres, si l'élaboration de la question avait été :
- La construction d'équipement publics (crèches, école,...) dans le quartier du Clos d'Ambert et du Clos aux Biches nécessite de raser totalement les quartiers et d'exproprier les familles.....
2- Comment choisit-on les personnes interrogées ?
Ici, la Sofres a appliqué la « méthode des quotas » pour aller rapidement. Mais en octobre 2004, dans le cadre de l'aménagement du Clos aux Biches, la Préfecture de Seine Saint Denis avait organisé, sur quatre semaines, un sondage par « une méthode pseudo aléatoire » auprès des 62.000 habitants de la ville. Il s'appelait « Concertation Préalable à la création de la ZAC ». Résultat : 92% d'avis négatif au projet de ZAC. Comme quoi, l'échantillonnage est primordial. Et si Monsieur le Maire voulait vraiment apprécier son action municipale, il faudrait peut être changer de baromètre ?
Enfin, si nous nous retournons sur notre jeunesse, chacun a pu relever un jour sur son carnet de note : «bon élève, mais pourrait mieux faire». C'est la même chose à Noisy-le-Grand, pour les sondages. Mais cette fois ci, l'échantillon sondé dit : «la concertation avec les habitants devrait être améliorée !». Mais quel type de concertation, sur quel débat ? Les projets d'urbanisme ? Dans quel quartier ? Quand nous savons qu'une ‘pirouette' a déjà eu lieu en mars 2008, en réunissant en un seul comité, sans aucun lien historique entre eux et contre toute logique: Les Bas Heurts, le Pavé Neuf et Mont d'Est (consulter notre article : « Le pseudo quartier Ouest de Noisy le Grand »).
Toutefois, si aujourd'hui cet indicateur sur la concertation est jugé négativement, parions que l'année prochaine il sera positif. Car :
- c‘est un élément de progrès, d'amélioration,
- c'est le Noisy qui bouge, qui avance,
- ce sera l'un des objectifs de 2009,
- et ce sera surtout, la satisfaction municipale de demain......
Lorsque nous vous disions que les sondeurs posent toujours les bonnes questions ! Soyez certains qu'ils sonderont encore, en 2009.
Enfin, toujours dans le même registre, il faut savoir que l'ADIHBH-V, dès mars 2006, demandait à Monsieur le Maire la communication du sondage Sofres réalisé entre le 12 et le 15 décembre 2005. (voir courrier ADIHBH-V du 20/03/2006). Dans sa réponse du 23 mars 2006, Michel Pajon nous informait qu'il saisissait la Commission d'Accès aux Documents Administratifs (CADA), afin que cette dernière lui précise si l'ensemble des éléments pouvaient être communiqué (voir courrier Michel Pajon du 23/03/2006) . Le 20 juin 2006, la CADA confirmait que ce document administratif était communicable de plein droit à toute personne qui en faisait la demande, en application de l'article 2, de la loi du 17 juillet 1978 (voir courrier CADA du 20/06/2006). Le 23 juin 2006, nous réitérions notre demande auprès de Monsieur le Maire, mais sans plus de succès (voir courrier ADIHBH-V du 23/06/2006).
Finalement, l'ADIHBH-V a décidé de ne pas s'obstiner dans cette démarche stérile et secondaire compte tenu de ses objectifs, car nous avons jugé qu'elle était suffisamment édifiante. Il n'était donc pas souhaitable de s'épuiser à déposer encore une fois un recours devant le Tribunal Administratif. Toutefois, pour une commune qui veut mettre en place des ‘instances de concertation', cette réticence de communication d'une information à une Association de défense d'un quartier n'est pas du tout élégante, et pour le moins partisane !
Cependant, en juin 2008 la Sofres rapportait que 79% des Noiséens jugeaient que le bilan de la communication de la municipalité était plutôt positif ? Vraisemblablement qu'à l'ADIHBH-V nous ne savons pas poser les bonnes questions.
Ah, ces sondages, disions-nous ?...
(*)-Cette enquête a été réalisée en juin 2008, par téléphone, auprès d'un échantillon représentatif de la population de Noisy le Grand : 500 personnes âgées de 18 ans et plus, et inscrites sur les listes électorales, choisies selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage).