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250 000 logements oubliés plombent les statistiques de la construction

Publié le par ADIHBH-V

DES STATISTIQUES PLOMBEES :

PLUS DE 250.000 LOGEMENTS

OUBLIES PAR L’ETAT DEPUIS 2010.

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250 000 logements oubliés plombent les statistiques de la construction

Cela devient une tradition:

  • Juillet 2013 : Pôle Emploi révèle avoir versé 812 millions à tort aux demandeurs d’emploi.
  • Août 2013 : Pôle Emploi annonce moins 50.000 chômeurs. Mais le loup est vite pointé  du doigt : une erreur  statistique, pour «défauts d’actualisation de leur situation ».
  • Février 2015 : Les politiques du logement sont basées sur des chiffres erronées.

Mais soit disant qu’une faute avouée est à moitié pardonnée. Alors, divine surprise, tout va bien ?

Construit mais pas comptés ? Autorisés mais pas lancés ? Vendus habités ? Personne n’en sait plus rien et tout le monde refait ses calculs. En fait, des logements ont bel et bien été construits, mais pas comptabilisés par l’outil statistique du Ministère du Logement (SOeS). En cinq ans, le préjudice portait sur plus de 250 000 habitations. Plus inquiétant encore, c’est sur ces chiffres approximatifs que se bâtit la politique gouvernementale du logement depuis des années.

La collecte des mises en chantier plombe les statistiques

250 000 logements oubliés plombent les statistiques de la construction
Pourquoi tant de chambardements ? Entre 2010 et 2014, 251 300  logements neufs ont échappé à l’œil du SOeS. Rien que pour l’année 2014, 58 600 habitations, dont la construction a été effectivement lancée, n’ont pas été comptabilisées. Et si l’on remonte au tout début des années 2000, le chiffre explose puisqu’il manque à l’appel 346 100 logements en 15 ans. Presque une année entière de construction.
 
Cet oubli phénoménal est principalement dû à un problème d’organisation du SOeS qui repose sur deux collectes différentes. La première, concerne les Permis de Construire autorisés. Elle s’est détériorée depuis 2007, suite à la réforme du droit des sols et à la décentralisation des centres instructeurs qui l’a précédée, précise le Ministère. Il faut savoir qu’en 2007, la réforme a modifié les documents d’urbanisme, et les services instructeurs concernés ont dû s’adapter aux nouveaux logiciels de comptabilisation mis en place. Un retard s’est créé et n’a jamais été rattrapé.
 
La seconde collecte concerne les mises en chantier. C’est là où le bât blesse. Une dégradation des remontées d’information a été constatée : 80 000 logements autorisés en 2010 n’apparaissent ni annulés, ni mis en chantier. Ces chantiers ont tout simplement disparu des données du SOeS, parce que la déclaration de mise en chantier, réalisée à l’initiative du porteur de projet, n’est pas toujours faite. Lorsqu’elle est réalisée, elle est faite sur format papier, cela nécessite de saisir les données, c’est plus compliqué.
Certaines régions ont été particulièrement affectées, notamment Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Aquitaine et l’Ile-de-France. Enfin, et surtout, SOeS a pâti d’un déficit d’information sur le devenir des projets autorisés.
 
Fin février 2015, il était donc grand temps de rectifier le tir. Finalement, le nombre des mises en chantier n’est jamais passé sous la barre des 300 000 unités en 2014. Alors que les promoteurs immobiliers se lamentaient sur les mauvais chiffres de l’année 2014, avec seulement 297 500 mises en chantiers. Sur le terrain, ce sont bien 356 200 logements qui ont été mis en chantier sur le territoire en 2014.
250 000 logements oubliés plombent les statistiques de la construction

Comparaison du nombre de logements commencés selon SOeS et le nouveau mode de calcul.

Une méthode plus fidèle grâce à des travaux de modélisation.

La nouvelle méthode statistique repose sur la collecte administrative, mais aussi sur des travaux de modélisation et des enquêtes annuelles , qui viendront affiner les résultats. Les travaux de modélisation sont basés sur les paramètres conjoncturels tels que le stock de logements invendus des promoteurs, les taux d’intérêts ou le moral des ménages, explique le Ministère. De leur côté, des enquêtes annuelles permettront d’ajuster les résultats et éviteront toute divergence entre les estimations et la réalité. Ces nouveaux indicateurs devront retracer de manière plus fidèle la conjoncture du bâtiment. Cela répondra à une attente des professionnels qui s’était exprimée en 2010.

Réaction de la Fédération Française du Bâtiment (FFB).

A plusieurs reprises depuis 2010, la FFB a clairement dû se démarquer des statistiques officielles dans ses publications, car l’évolution des mises en chantier restituée par le dispositif SOeS s’avérait de moins en moins compatible avec les transactions relevés pour les volumes de matériaux mobilisés, la production de crédits, les carnets de commandes du gros-œuvre, l’emploi ou même l’indice de production industrielle dans le bâtiment calculé par l’INSEE.

C’est pourquoi elle se félicite aujourd’hui de la nouvelle approche retenue par les pouvoirs publics et réalisée par le Service de l’Observation et des Statistiques du Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie. Cette méthode qui palie la détérioration de l’information née de la multiplication des réformes du Permis de Construire depuis 2007, permettra, en première analyse, la réconciliation des données du secteur.

Néanmoins, ces données révisées ne changent en rien la réalité de la crise profonde et durable du logement neuf. Même avec un score rehaussé à plus de 356 000 unités, l’année 2014 ressort très loin des quelques 500 000 mises en chantier requises pour satisfaire les besoins en logements, et quasiment atteintes en 2006 et 2007. De plus, l’analyse des données sur les trois derniers mois fait apparaître un recul marqué de 7,5% pour les autorisations et de 9,4% pour les mises en chantier.

Le bâtiment reste une priorité du gouvernement.

Alors que les chiffres sont moins mauvais qu’annoncés et que les différentes politiques du logement mises en œuvre sont basées sur  des données erronées, la mobilisation du gouvernement pour sauver le « soldat bâtiment » ne va pas fléchir. Au Ministère du logement on joue la carte de l’apaisement. Le discours politique reste le même, la priorité est donnée à la relance du logement et du bâtiment.

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Contribution bibliographique :

-        Les Echos.fr, le 05/03/2015, Catherine SABBAH,

-        Le Moniteur.fr, le 27/02/2015, Barbara Kiraly,

-        Batidoc.com, le 27/02/2015

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