Conseil Municipal du 6 mai 2021: Joëlle HÉLÉNON, la tête haute, revendique son engagement
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JOËLLE HÉLÉNON À L’HONNEUR :
LA TÊTE HAUTE,
ELLE DÉCLAME SON ALLOCUTION
LORS DU CONSEIL MUNICIPAL
DU 06 MAI 2021.
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Par arrêté en date du 12 avril 2021 ; Brigitte MARSIGNY a décidé de retirer sa délégation de fonction et de signature à Joëlle HÉLÉNON. Le Conseil municipal du 06 mai, sauf la Preuse Marème FALL, suit la décision de l’Édile comme un seul homme [vraisemblablement au nom de la solidarité vis-à-vis de Joëlle HÉLÉNON (sic)].
Avant le vote, Joëlle HÉLÉNON fait une déclaration publique reproduite intégralement ci-après, fière de ses valeurs et de ces actions menées humblement auprès des Noiséens, quitte le Conseil municipal la tête haute.
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Madame le Maire,
Chers Collègues,
Chers Noiséens,
Ce jour comptera dans mon apprentissage citoyen et dans mon parcours de femme. Je veux qu’il compte aussi pour les habitants de Noisy que nous représentons et qui fondent mon engagement.
Si je me suis engagée à vos côtés Madame le Maire, c’est parce que j’étais convaincue des valeurs de justice que vous portiez, de dépassement de soi au bénéfice des Noiséens, de sagesse et finesse politiques nécessaires à gagner des combats utiles pour notre Ville.
Et puis… il y a eu le 13 mars 2021.
Ce jour-là, 4 enfants de notre ville ont été arbitrairement arrêtés par des policiers. Ils ont essuyé des insultes racistes, des coups, des menaces de viol avec une matraque, des humiliations. Et ils ont été enfermés sans juste motif. Les familles de ces enfants m’ont appelé, paniquées par l’arrestation. Elles avaient raison, leurs enfants n’avaient rien fait. Je m’y suis rendue et ai demandé l’application du droit par des policiers qui se sont placés en dehors de l’état de droit.
Suite à mon intervention, votre premier communiqué sur les réseaux sociaux a focalisé les débats sur ma personne plutôt que sur cet incident.
Pourquoi m’avoir ainsi livrée aux chiens ? Ma personne ne compte pas, j’ai agi pour ces enfants. Et je suis intimement convaincue, Madame le Maire, que vous le reconnaissez. Le lynchage, l’acharnement dont je fais l’objet n’est toutefois pas comparable à la douleur et au désarroi de ces 4 familles respectueuses d’un quartier dont vous disiez, Madame le Maire, aimer. Qui se préoccupe aujourd’hui de ces familles et de leurs enfants ? Pas vous, Madame le Maire. Vous ne les avez jamais reçues, et ce, en dépit de leur demande.
Nous nous serions tous grandis à dénoncer collectivement la violence de cette situation et de ces 3 ou 4 policiers.
Que le préfet vous soutienne ou non, ce n’est pas mon souci. Ça ne rendra pas le statut de citoyen que ces policiers ont confisqué à ces 4 enfants.
En tant que citoyenne et élue de la République, je ne peux tolérer que quelques individus souillent l’institution policière. Mais frapper un enfant est un délit, proférer des injures raciales (même contre une élue) est un délit et mener des gardes à vue que l’on sait arbitraires est un délit.
Cependant, parler de violences policières reviendrait à légitimer cette violence. Ce qui n’est pas le cas ! Les policiers municipaux et nationaux sur notre Ville sont, dans leur grande majorité, de bons professionnels.
Plus que jamais, notre police doit être respectée. Et pour que la police soit respectée, elle ne doit souffrir d’aucun préjugé permanent d’abus et de violence.
Oui à cette « reconquête républicaine » voulue par l’État ! Oui à une police engagée dans la sécurisation, la tranquillité publique, la lutte contre les trafics ! Oui à une police respectueuse des droits de chaque Noiséen, quel que soit sa couleur de peau, son âge, son niveau social, son quartier ! Non à ces policiers qui frappent, qui violentent aveuglément !
J’irai jusqu’au bout de ce qui est devenu aujourd’hui un combat et je resterai jusqu’au bout aux côtés des familles et pour Noisy.
Je reste convaincue de n’avoir commis aucune erreur, aucun manquement, en me déplaçant ce 13 mars au sein de ce commissariat. Élu d’astreinte, Adjoint au Maire du quartier Ouest, je fus en soutien de ces familles qui le demandèrent, comme j’ai été en soutien de noiséennes victimes de violences conjugales pour qu’elles portent plainte.
Je reste convaincue d’avoir fait respecter la loi quand je demande - quand j’insiste - pour la venue d’un médecin pour ce jeune sorti de garde à vue avec un hématome à la tête. Vous avez banalisé, Madame le Maire, ainsi que votre 1er adjoint, ce visage et ce cou, rouges de la morsure de la botte de ce policier sur la tête de ce jeune. Moi, je m’y refuse.
Aujourd’hui, des plaintes ont été déposées. Une enquête a été ouverte par Loïc Pageot, procureur adjoint près le Tribunal de Bobigny. Une enquête dont on sait qu’elle a débuté depuis ce lundi.
J’irai également jusqu’au bout pour faire la lumière sur ce courrier du Préfet de Seine-Saint-Denis. Ce courrier sur lequel, Madame le Maire, vous vous fondez pour le retrait de mes délégations. J’ai même envie de dire, derrière lequel vous vous réfugiez pour prendre une telle décision.
Ce courrier, à plus d’un titre, interroge. Des éléments de fond tels que la diffamation, la subornation de témoins. Mais aussi, des éléments de forme avec, notamment, une signature dont l’expertise d’un expert graphologue près la Cour d’appel de Paris, atteste que Georges-François LECLERC n’est pas l’auteur de la signature figurant sur ce courrier.
J’ai donc déposé une plainte contre x pour faux et usage de faux. Celle-ci a été adressée au dit Préfet. Je tiens à souligner, Madame le Maire, ne point vous accuser d’une quelconque falsification.
J’ai pris connaissance du tweet du Préfet, qui confirme être l’auteur et le signataire de ce courrier. Si le sujet n’était si grave, cela en serait risible. C’est ubuesque ! C’est affligeant ! C’est pitoyable !
Tirer au clair ce point est justement la raison du dépôt de plainte.
Il y a désormais une vraie cassure.
J’exècre cette vieille et sale politique qui nous amène à des débats, comme celui-ci, totalement déconnectés du quotidien des noiséens.
J’exècre cette vieille et sale politique qui oublie l’intérêt général, qui foule aux pieds l’intérêt de la Cité.
J’exècre cette vieille et sale politique qui conduit à taire l’infamie connue pour le confort d’un fauteuil en soie et la satiété de petits privilèges.
J’ai profondément honte de tels agissements, indignes de la confiance que les noiséens ont placé en notre équipe.
Je souhaite terminer cette prise de parole par quelques mots pour remercier :
- Marinette MALGAT. Tu fus la première à m’appeler pour connaître les faits. Merci. Cela aurait dû être l’attitude de tous les membres de cette équipe. Et non une pétition, des calomnies.
- Pascal LAGUILLY Tu fus mon « compagnon de route » sur plusieurs dossiers « Habitat » au sein du quartier dont j’avais la délégation. Merci.
- Dayan DOUCOURE. J’ai beaucoup milité pour que tu rejoignes cette équipe, contre l’avis de plusieurs. Je te souhaite bonne chance.
- Mes derniers mots seront pour toi, Mareme FALL. Tu es une femme extraordinaire, dotée d’une vraie intelligence de vie. Beaucoup te raillent, te sous-estiment. Ils sont tort. Ne change surtout pas !
Ce soir, je reste la tête haute. Je reste fière de mes valeurs et de ces actions menées, très humblement, pour les noiséens, et en toute loyauté, vis-à-vis de vous, Madame le Maire.
Ma conscience n’est entachée en rien. Je laisse chacun avec le poids de la sienne !
Déclarations de certains élus réalisées lors de ce Conseil
Fichier audio du point N°3 du Conseil Municipal
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