Les problèmes de transports vont ils compromettre les JO de 2024 ?

Publié le par ADIHBH-V

JEUX OLYMPIQUES PARIS 2024,


LES TRANSPORTS


SE FISSURENT
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Crédit photo : Luc VECHOT

Crédit photo : Luc VECHOT

L’atout maître va-t-il se transformer en boulet ? Un rapport de la Cour des comptes, présenté mercredi 17 janvier 2018 par son premier Président, Didier Migaud, devant la Commission des finances de l’Assemblée nationale, met en effet un point d’interrogation devant les lignes prévues pour les JO 2024. Ce sujet prend désormais l’allure d’un futur casse-tête pour les organisateurs.


Trois lignes stratégiques,


Ce document, long de 175 pages, dresse un bilan sévère des dérapages du chantier du Grand Paris Express, futur réseau de 200 kilomètres de lignes et 68 gares en Île-de-France d’ici à 2030. Il estime que les délais pour livrer l’ensemble ne seront pas respectés et préconise de revoir l’agenda.
Parmi les raisons des dérives budgétaires de la Société du Grand Paris (SGP), l’établissement public chargé de réaliser ce réseau, la Cour des comptes pointe l’ambitieux calendrier de mise en service et l’échéance des Jeux Olympiques de 2024.
Le 9 juillet 2014, alors que la Capitale n’était pas encore officiellement candidate à l’organisation des Jeux, le gouvernement avait décidé d’accélérer le calendrier concernant la construction de certains pans du Grand Paris Express dans la perspective éventuelle de l’organisation des JO 2024 et de l’exposition universelle en 2025.
Aux journalistes, les membres de la candidature parisienne répétaient d’ailleurs que les Jeux allaient agir comme  un accélérateur de projets, dont ceux concernant les transports, particulièrement dans la Seine-Saint-Denis. Auprès du Comité International Olympique (CIO), ils ne se privaient pas d’utiliser la future extension du réseau francilien comme une arme de conviction massive.
Le volet transport a été l’atout maître pour l’emporter face à Los Angeles, rappelait en septembre 2017 Valérie Pécresse, Présidente LR de la région Ile-de-France.
La prolongation de la ligne 14 et les nouvelles lignes 16 et 17 sont stratégiques pour la desserte des sites olympiques, pouvait-on lire dans la première partie du dossier envoyé au CIO. À lire la présentation alors réalisée par le comité de candidature, c’est comme si c’était déjà fait.


Calendrier quasi inatteignable,


Le rapport de la Cour des comptes montre pourtant que cette accélération volontariste a posé plusieurs problèmes. D’une part, elle a créé  une tension laissant peu de marge pour la survenue d’aléas. D’autre part, elle a alourdi sensiblement l’addition, car la SGP s’est résolue à mettre en action plusieurs tunneliers supplémentaires. Le surcoût, pour atteindre les objectifs, serait  de l’ordre de 625 millions d’euros, chiffrent les experts de la Cour des comptes, dont 300 millions d’euros ont d’ores et déjà été décidés par le directoire de l’établissement pour les lignes 15 sud et 16.
Malgré cette hausse des coûts pour raccourcir les délais, la Cour des comptes estime que  le calendrier de mise en service des lignes 17 et 18 en vue des Jeux olympiques de 2024 est quasi inatteignable.

 

Les problèmes de transports vont ils compromettre les JO de 2024 ?

Les magistrats financiers révèlent que le gouvernement était informé du risque de non-respect du calendrier. Dans une note au premier ministre, en janvier 2017, la SGP l’avait alerté : « les études sur la ligne 17 et 18 font apparaître des dates de mise en service qui ne sont  compatibles ni avec les échéances des JO de juillet 2024, ni avec l’échéance de l’Exposition universelle de 2025, avait-elle écrit à Bernard Cazeneuve, à moins de mettre en action plus de tunneliers pour terminer à temps. La SGP estimait le coût des tunneliers supplémentaires de 180 à 200 millions d’euros pour la ligne 17 et à 125 millions d’euros pour la ligne 18.
La ligne 17, qui devrait relier Le Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) à Saint-Denis Pleyel, où se trouvera le village des athlètes, est stratégique. Elle doit desservir l’aéroport Charles-de-Gaulle et les sites du Bourget, où sera localisé le village des médias, qui accueillera des milliers de journalistes étrangers.
Or, dans un rapport remis quelques jours après la victoire de la France à Lima, le Préfet de l’Ile-de-France, Michel Cadot, suggérait déjà de reporter de 2024 à 2030 la mise en service du tronçon nord de la ligne 17.
Dans ses promesses de ville candidate, Paris assurait que « 85 % des athlètes seraient à moins de 30 minutes de leur site de compétition. Mais cet objectif partait du principe que tous ces travaux seraient terminés.
En l’absence de ligne 17, il faudrait penser à des moyens de transports alternatifs supplémentaires, ce qui engendrerait un coût très important et une complexité d’organisation très lourde, selon les mots de Tony Estanguet, désormais président du Comité d’organisation des Jeux de Paris 2024 (COJO), dont les statuts ont été publiés au Journal officiel samedi 20 janvier. Quitte à modifier certains sites pour prendre en compte cette nouvelle donne, même si Tony Estanguet se veut confiant quant au fait qu’il n’y aura « pas de changement majeur ».


Tony Estanguet : "Cela va être une difficulté forte"


"C’est sûr que pour nous, cela va être une difficulté forte si certaines lignes ne sont pas livrées à temps", a reconnu Tony Estanguet lors d’une audition devant la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication au Sénat, mercredi.
Le triple champion olympique de canoë-kayak a conscience du danger. Et il n’a pas attendu le rapport de la Cour des comptes pour cela. Dès octobre 2017, il écrivait à Emmanuel Macron et à Edouard Philippe.
« Je me suis permis de faire savoir au Président de la République et au premier ministre combien ce plan de transports était important pour la réussite des Jeux olympiques et paralympiques. Depuis, j’ai pu les rencontrer et on a parlé de ce sujet de vive voix, pour qu’ils comprennent bien nos besoins en matière de transport, en fonction des secteurs. C’est vrai que sur la ligne 17, il y aura un impact direct et la nécessité d’anticiper une réorganisation si d’aventure elle ne desservait pas le pôle du Bourget. »
Le patron du COJO tient toutefois à rappeler que  les arbitrages ne sont pas faits. Il ne faut pas aujourd’hui sur-réagir sur ce sujet, mais attendre. Attendre avant de juger, à l’aune des choix qui seront faits, du poids des Jeux olympiques dans les décisions du gouvernement.


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Contribution bibliographique :
    -Le Monde, 19 janvier 2018, Yann BOUCHEZ et Béatrice JERÔME

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Alors que les élus d’Ile-de-France ont été défendre le Grand Paris Express auprès d’Edouard Philippe la semaine dernière, le député du Val-de-Marne Gilles Carrez, invité à plancher sur la partie financière, préconise un recours à la taxe de séjour et insiste sur la dimension technique du projet.
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Edouard Philippe a réuni vendredi 26 janvier après-midi de nombreux élus franciliens à l'occasion de la consultation sur le Grand Paris Express, le futur métro du Grand Paris. Selon Matignon, le Premier ministre rendra ses arbitrages "durant la première quinzaine de février".
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Edouard Philippe a réuni le 26 janvier les élus franciliens, pour faire le point sur les « défis techniques et financiers » du Grand Paris Express (GPE). Ces débats alimentent la réflexion de Matignon sur le projet du GPE. Le Premier ministre doit maintenant rendre ses arbitrages sur le calendrier de réalisation du projet. Il devrait le faire avant le 15 février.<br /> C’est désormais officiel: le Grand Paris Express (GPE) sera retardé. Mais Matignon veut rassurer en confirmant, d’abord, que le projet se fera dans son intégralité et, ensuite, rendre cet ajournement acceptable par les élus. Le vendredi 26 janvier à 16h30, le Premier ministre a, dans cette optique, organisé un séminaire auquel près de 200 édiles franciliens (parlementaires, maires des communes concernées par une gare, présidents d’intercommunalités) avaient été invités. « Le Grand Paris Express est un projet incroyablement ambitieux et complexe. Il va structurer l’Île-de-France et le pays pendant très longtemps », a indiqué Edouard Philippe avant de préciser l’objectif de cette rencontre : « Faire le point sur les défis techniques et financiers pour ramener le projet sur des bases solides. »
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